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jeudi 21 juillet 2011

Albert II, le ...

Il n'a pas demandé à être roi, Albert. D'ailleurs, Baudouin, devait assumer le rôle comme aîné. Albert, lui, comme son fils Philippe aujourd'hui, était fait pour accompagner des missions économiques à l'étranger ; un prince ouvre, paraît-il, les portes et est né pour serrer des mains. De là vient peut-être que l'on parle de "pince-monseigneur". Albert a serré beaucoup de mains ; sa bonhomie, sa jovialité et son humour ont fait merveille lors de ses missions.

Il ne s'y attendait pas, Albert. Il est devenu roi. Un roi de transition, avait-on dit. Or, c'est tout le contraire qui s'est produit. Albert a dû, et doit encore, gérer, dans les limites très étroites des pouvoirs que la Constitution lui reconnaît, une crise politique, et peut-être de régime, sans précédent.

Lui, qui n'a pas choisi d'être roi, et qui aurait peut-être préféré faire autre chose, manifeste pourtant plus que d'autres le souci de l'intérêt général. En effet, face à lui se trouvent des hommes et des femmes qui ont fait campagne pour être élus et qui semblent plutôt enclins à défendre des intérêts particuliers, quand ce n'est pas simplement leur ego. Albert, roi, est un des rares, en Belgique, à prendre un peu de hauteur.



Son discours, à l'occasion de la fête nationale, en témoigne :


Mesdames et messieurs, chers compatriotes,
En cette Fête Nationale, j’aurais aimé me réjouir avec vous de la prestation de serment d’un nouveau gouvernement fédéral de plein exercice. Nous n’en sommes hélas pas là, et je le déplore.
Entre-temps, pendant cette longue négociation, le gouvernement en affaires courantes a su prendre efficacement les mesures nécessaires pour préserver dans l’avenir proche le bien-être des citoyens.
Toutefois, cela ne diminue en rien l’urgence et la nécessité de former un gouvernement investi de pleines responsabilités et qui devra réaliser les réformes structurelles nécessaires dans les domaines institutionnel et socioéconomique. De là mon nouvel appel à tous les citoyens et en premier lieu aux responsables politiques.
Un célèbre constitutionaliste anglais, Walter Bagehot, précisait les prérogatives de la monarchie constitutionnelle comme suit : le droit d’être informé, le droit d’encourager et le droit de mettre en garde.
Ces derniers mois, dans mes audiences, j’ai beaucoup utilisé les deux premières prérogatives : être informé et encourager. Avec vous, je voudrais à présent faire usage publiquement, en toute transparence, de la troisième prérogative : le droit de mettre en garde.
Je le fais fortement et avec conviction pour les raisons suivantes :
Premièrement.
Comme un très grand nombre de Belges, je suis affligé par la plus longue durée, de mémoire d’homme, de formation d’un gouvernement. Cela crée chez beaucoup d’entre vous un sentiment d’inquiétude quant à l’avenir. J’ai pu m’en rendre compte lors de mes visites dans les différentes régions.
Deuxièmement.
La durée de cette crise suscite aussi, dans une grande partie de la population, de l’incompréhension vis-à-vis du monde politique qui n’apporte pas de solution aux problèmes. Cela risque de développer une forme de poujadisme qui est dangereuse et néfaste pour la démocratie.
Troisièmement.
Si cette situation perdure longtemps encore elle pourrait affecter de façon négative et très concrète le bien-être économique et social de tous les Belges. Il faut en être bien conscient.
Quatrièmement.
Un des atouts importants de la Belgique, depuis la seconde guerre mondiale, est son rôle au sein de l’Europe. Cela nous a valu de devenir de fait, comme pays, la capitale de l’Europe et de jouer un rôle moteur dans cette formidable aventure qu’est la construction européenne. Notre pays, avec sa diversité culturelle, était considéré d’une certaine manière comme un modèle pour l’Union européenne. Notre situation actuelle crée de l’inquiétude auprès de nos partenaires, et pourrait endommager notre position au sein de l’Europe, voire l’élan même de la construction européenne déjà mis à mal par les eurosceptiques et les populistes.
Je ne serais donc pas fidèle à mon rôle, si je ne rappelais pas solennellement les risques qu’une longue crise fait courir à tous les Belges, et si je n’exhortais pas à nouveau tous les hommes et toutes les femmes politiques, et ceux qui peuvent les aider, à se montrer constructifs et à trouver rapidement une solution équilibrée à nos problèmes.
Comme je le rappelais à l’occasion de la Noël, et je cite :
« Dans la recherche de cet accord raisonnable il est évident que chaque partie devra faire des concessions. Chacun aura donc l’obligation de prendre ses responsabilités. Le moment est venu où le vrai courage consiste à chercher fermement le compromis qui rassemble, et non à exacerber les oppositions.
Si un tel accord se réalise, un nouveau gouvernement fédéral pourrait être constitué. Avec les entités fédérées, il sera à même de prendre des mesures nécessaires pour sauvegarder le bien- être de la population, et pour rétablir la confiance au sein du pays. C’est cela que tous nos concitoyens attendent ». Fin de citation.
Mais les citoyens ne doivent pas seulement exhorter leurs représentants à prendre les décisions courageuses qui s’imposent. Ils doivent aussi s’efforcer de favoriser une meilleure entente entre nos communautés en faisant des pas concrets vers l’autre, en parlant sa langue, en s’intéressant à sa culture, en essayant de mieux le comprendre. C’est là une forme importante de la citoyenneté moderne.
Par ailleurs, nos problèmes internes ne doivent pas nous conduire vers un repli égoïste sur nous-mêmes et nous faire oublier le monde qui nous entoure. A ce propos, je voudrais partager avec vous l’émotion que j’ai ressentie lors de la remise du prix Roi Baudouin pour le développement au médecin congolais Denis Mukwege. Dans des conditions très difficiles, il soigne et vient en aide aux femmes qui sont victimes de terribles violences dans l’Est du Congo. J’appelle notre pays, l’Union européenne et les Nations Unies à travailler efficacement avec les autorités du Congo, et des pays voisins, pour mettre fin à ce drame. Nous ne pouvons pas rester indifférents à de telles situations.
Mesdames, Messieurs, chers concitoyens,

C’est avec le ferme espoir de voir bientôt prendre fin cette trop longue période d’instabilité politique que la Reine et moi, et notre famille, nous vous adressons nos meilleurs vœux pour une vraie Fête Nationale qui rapproche tous les citoyens.

Lors des célébrations de la fête nationale, Albert va devoir faire semblant. Cela fait partie du métier de roi. Mais je puis imaginer ses sentiments, alors qu'il se trouvera entouré de tous ces responsables élus qui se déchirent et se montrent incapables de tout compromis et, pour certains, lui sont hostiles. Que viennent-ils fêter autour de lui ? J'ai peut-etre mal vu, mais à part Pieter de Crem (ministre de la défense) et Annemie Turtelboom (ministre de l'intérieur), je n'ai pas vu beaucoup de responsables flamands dans les tribunes ...

Il était d'usage, par le passé, d'adjoindre un qualificatif au nom des rois et des princes: le bel, le bon, le juste, le conquérant, le téméraire. Le roi Baudouin ne peut, à ce jeu, que devenir "Baudouin le pieux".

Mais Albert ?

Aidez-moi à trouver.

2 commentaires:

  1. Sur facebook, les proposition suivantes m'ont été proposées: le digne, le résistant, le pacificateur ... et aussi, moins amène, Albert Romulus Augustule

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  2. le Belge ?

    Excellent le "pince-monseigneur"

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