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lundi 25 juillet 2011

Paroles d'un sage

J'ai lu aujourd'hui que la Norvège, avant certains choix politiques importants, consultait préalablement des  philosophes. Quelle judicieuse idée ! 

Je cite la Norvège, parce qu'elle a été touchée au coeur même de ses valeurs par un de ses ressortissants, devenu fou au contact des idées véhiculées par l'extrême droite, religieuse et conservatrice. La presse explique que, sur le plan de l'idéologie, autant que sur le plan des méthodes, une filiation existe, dans les actes de ce loup solitaire, avec ce qui se fait de mieux dans le genre aux Etats-Unis d'Amérique. La folie meurtrière ne serait donc pas qu'islamique. La plus grande démocratie du monde créerait aussi des terroristes, même au-delà de ses frontières. Comment être à l'abri ?

Quelle place les sages - les philosophes - peuvent-ils encore revendiquer ?

Je ne sais, mais je vous livre quelques paroles d'un sage, Jordi Savall, un sage musicien.




Pour entretenir une relation, il faut savoir se donner, accepter l’autre. Etablir un lien avec l’inconnu suppose de se laisser interpeller par autrui, accepter une certaine fragilité, abandonner sa position privilégiée. Or, pendant des siècles, le monde occidental a été convaincu de tenir la seule et unique vérité, d’évoluer dans la civilisation la plus brillante. La tolérance, avec ce que cela peut sous-entendre de condescendance, était le signe le plus fort d’ouverture et de générosité. Cependant, les oppositions demeurent et nous les avons ressenties lors de nos projets réunissant des musiciens venus de divers horizons, de pays que la politique divisait. La tension était palpable dans les premières répétitions. Nous avons ensuite été surpris par des Israéliens et des Palestiniens s’amusant à chanter ensemble les mêmes chansons pendant les pauses de nos séances de travail. Rien ni personne ne les y obligeait. C’est là la force de la musique: elle peut apporter la paix car elle oblige à dialoguer et à se respecter. 

Que pensez-vous alors de l’aventure de Daniel Barenboim et de son West Eastern Diwan Orchestra qui réunit Israéliens et Palestiniens?

Elle est bien sûr importante mais un peu déséquilibrée car elle pousse les seconds à adopter le répertoire des premiers. Les musiciens juifs jouent depuis toujours le grand répertoire symphonique. Notre démarche s’en distingue car elle donne la parole, pour ainsi dire, à chaque camp. Nous demandons à tout musicien de jouer son propre répertoire avant de rejoindre le groupe et de travailler collectivement.  
….Le principal obstacle à l’harmonie collective est le fanatisme, cette maladie qui touche ou a touché toutes les religions. On sait pourtant aujourd’hui que la vérité absolue n’existe pas et qu’elle n’appartient pas à une religion plutôt qu’à une autre. La science a montré la relativité des choses. Mais cela n’a pas encore été accepté, même à Rome. La véritable religion n’a d’ailleurs pas besoin de cardinal ni de pape. En Inde, des millions de croyants partagent la même foi sans dépendre de quelqu’un ou d’une hiérarchie.

Extrait d'une interview dans le Vif L'express par Bertrand Dermoncourt.







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