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vendredi 8 juillet 2011

Bordon, babelutte et cuberdon

Aujourd'hui, j'ai envie de parler de friandises, après l'épisode social des "Chokotoff", évoqué il y a quelques semaines.

Quand j'étais petit garçon, je repassais mes leçons, en chantant ...  Certes, mais j'aimais aussi les friandises!

Ma préférée: le "bordon", soit un bâtonnet à sucer d'une dizaine de centimètres, aux différents parfums; mon parfum préféré était rhubarbe pour le petit côté acidulé. Le "bordon" était très dur et il fallait sucer longtemps pour l'absorber. En suçant bien, on pouvait aussi lui donner une forme acérée qui en faisait une arme redoutable pour piquer ses condisciples en cour de récréation. Cette friandise a totalement disparu du marché, trop artisanale sans doute et ne comportant pas assez de colorant.

Les "babeluttes" m'étaient connues par la famille du frère de mon père, qui a toujours aimé aller "à la mer", c'est-à-dire "à la Côte", qu'on appelait alors "la Côte belge", mais qu'il faut appeler aujourd'hui "de Vlaamse kust". Nous, nous allions en Bretagne. La famille de mon oncle donc nous ramenait, à chaque fois, une boîte de "babeluttes". Il s'agit d'un caramel dur, voire très très dur, à base de beurre, de miel et de vergeoise. D'après Wikipedia, la vergeoise est un sucre brun foncé provenant d'un sirop de betteraves, après affinage. C'est un sucre à consistance moelleuse, coloré et parfumé par les cuissons successives. Recuit une fois, le sirop donne de la vergeoise blonde; deux fois, de la vergeoise brune, plus foncée et à l'arôme plus particulier. En Belgique, on l'appelle souvent "cassonade". Et dire que j'avais toujours cru, jusqu'à aujourd'hui, que la "cassonade" était du sucre roux à base de canne à sucre!

J'ai toujours eu en horreur les "babeluttes" et, quand il fallait en déballer une, pour remercier, c'était pour moi un véritable sacrifice. La ville de Veurne (Furnes), en Flandre occidentale, est, paraît-il, le berceau de la "babelutte". Mais il existe aussi des "babeluttes" de Lille, ville flamande en France. Tiens, comment dit-on, "babelutte" en flamand? En fait, à Bruxelles, tout le monde sait ce qu'est un "babbeleir", quelqu'un qui bavarde à tort et à travers. D'après des auteurs savants, le mot "babelutte" viendrait du flamand "babbelen" (bavarder), quant au "utte", il serait une forme ancienne de "uit". Bref, cela veut dire que, quand on mange une "babelutte", toute conversation devient impossible. Est-ce parce qu'on est alors subjugué par le goût de la friandise ou par le fait qu'elle colle trop aux dents?

Babelutte de Furnes:



 Babelutte de Lille:


Caramel mou:




Ma mère, elle aimait les "lards" et en mettait toujours dans mon assiette de Saint Nicolas. Je détestais cela, c'était trop mou. Le "lard" est une gomme, un gélifié, un mélange de sucre et de gélatine qui se décline en version "au chocolat" ou "sans chocolat". Le lard étalon mesure une dizaine de centimètres et colle vaguement aux doigts. Mais nettement moins qu'aux dents et au palais. Bien que l'âge ne soit pas une contre-indication pour en manger, il est à éviter par ceux qui portent un dentier.








A cette époque aussi, une petite madame tenait une minuscule échoppe, rue Saint Gangulphe, elle tapait avec un petit marteau sur d'énormes morceaux de sucre colorés avec des saveurs différentes. J'adorais la voir travailler avec son marteau et "suçotter" les petits morceaux de "chique" qu'on lui achetait. Aujourd'hui, une entreprise locale tente de vendre le même produit sur les marchés, mais je ne retrouve pas les saveurs naturelles d'antan, le sucre éteint l'arôme.

Le "cuberdon" est encore autre chose. Je n'ai jamais vraiment aimé cette friandise, trop sucrée à mon goût. Je préférais les "soleils": de l'hostie et de la poudre citrique. On y mettait le bout de la langue. Dans mon enfance, il n'existait qu'une seule variété de cuberdon, à la framboise. Le cuberdon, dont la recette est secrète, se caractérise par un extérieur un peu cassant et un intérieur mou, gélatineux. Il est fait d'une pâte de fruits sucrée, travaillée à la gomme arabique et aromatisée aux extraits de fruits. Il ne se conserve que peu de temps. Le cuberdon est une spécialité vraiment belge puisque son court délai de conservation rend son exportation malaisée. Il en existe aujourd'hui, fabriqués par une entreprise artisanale de Seraing, à tous les goûts possibles (même spéculoos!). Mais s'agit-il encore de cuberdons?

Deux grandes écoles s'opposent sur l'origine du mot "cuberdon". Pour certains, il s'agirait d'une altération de l'expression "cul de bourdon", ce qui est plausible, mais pas sûr. Dans les régions picardes de Belgique, on l'appelle plutôt "chapeau de curé" ou "chapeau de prêtre";  et à Bruges, "neusje" (petit nez). Il semble bien que l'origine de la friandise soit picarde. Il n'en reste pas moins qu'une entreprise flamande d'Eeklo, qui fabrique des cuberdons depuis 1954, a obtenu de l'Office flamand d'agro-marketing la reconnaissance du produit comme produit régional flamand. Les autres producteurs nationaux rient jaune et apprécient. Bientôt, la crevette grise de la Mer du nord deviendra un produit régional flamand!






Ici, il ne s'agit point de cuberdons,
mais de Caramels fous.
http://www.lescaramelsfous.com/


Mais la pire des friandises a toujours été pour moi le "lacet". Une friandise noire, à base de réglisse, collante, peu amène, présentée sous la forme d'un ruban qu'on "chique", puis qu'on laisse là, pour le reprendre quelques heures après, avec les dents un peu noires. Bèèèrk.

Je réalise que mes préférences en matière de friandises en disent long sur ma personnalité. Les initiés comprendront sans doute.

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