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jeudi 14 juillet 2011

14 juillet 2011: les liégeois et les français. Commentaire du défilé.

Trois jours après les flamands, c'est au tour des français de fêter leur nation et les liégeois avec eux.

Observons ceci. En France, l'Etat et la nation sont censés se superposer parfaitement, ce qui, en ces temps troublés, donne lieu à des débats interpellants et troublants sur l'identité nationale. La Flandre est une nation, tous les historiens le reconnaissent, mais pas encore un Etat et les revendications de la Flandre sont celles d'un Etat-nation: un territoire, une souveraineté, une langue. La Wallonie n'est ni une nation, ni un Etat. La Wallonie n'est pas plus un Etat que la Flandre, mais est comme elle une région, et n'a pas envie d'opposer aux flamands des revendications semblables à celles que les flamands lui opposent. En Wallonie, on donne la priorité aux personnes. La Wallonie vit avec succès la présence sur son territoire d'une population germanophone. Des pouvoirs considérables lui ont été reconnus en tant que communauté germanophone. Et personne ne s'en plaint,  il me semble. Quand les  flamands rencontrent sur leur territoire des communautés où l'on parle majoritairement une autre langue que le flamand, surtout quand c'est le français, ils en font une maladie et pinaillent sur tout ce qui est possible afin que ces communautés aient le moins de droits possibles. L'Etat belge est-il une nation? Tout le monde aujourd'hui est convaincu que non. Mais doit-il y avoir coïncidence entre l'Etat (qui est un mode d'organisation de la vie ensemble) et la nation (qui est un sentiment)? Les liégeois sont peut-être les seuls en Wallonie à avoir une fibre nationale, mais elle est liégeoise. Avoir vécu huit cents ans en tant qu'Etat indépendant laisse sans doute des traces.

Le côté francolâtre des liégeois, où l'on fête le 14 juillet, beaucoup plus que le 21, ne cessera jamais de m'étonner. Car, la principauté de Liège, au temps de sa splendeur était un Etat ecclésiastique de l'Empire germanique. On y parlait plusieurs langues. Ce qui est venu de "France", notamment Charles le Téméraire (certes, il venait de Bourgogne) et Napoléon (certes, il venait de Corse), a-t-il été vraiment bénéfique à la principauté? Le Téméraire a incendié la ville et les révolutionnaires français ont pillé notre patrimoine artistique. Il est plus rassurant de se dire que les liégeois, grâce à certains de leurs princes-évêques, se sont ouverts avant d'autres à l'esprit des Lumières. La révolution liégeoise a été ainsi contemporaine de la révolution française et les valeurs défendues étaient les mêmes (liberté, égalité, fraternité), tandis que d'autres dormaient encore, notamment en Flandre.

Les liégeois ne sont pas, à mon avis, des français du nord. Leur passé les a forgés en un mélange unique. Liège a toujours été un "melting pot"et l'est encore, ville proche de deux frontières, qui ne l'ont pas toujours été, une terre d'intégration et de tolérance, où la langue n'est jamais un problème (on finit toujours par se débrouiller et se comprendre). Je suis fier quand des marocains ou algériens de mon quartier me disent: après être passé en France, ou à Bruxelles, c'est à Liège que je me suis senti accueilli et chez moi. Comme liégeois, je revendique cela.

Mais aujourd'hui, c'est la fête à la France. Comme Frédéric Mitterrand n'était pas disponible pour assurer les commentaires du traditionnel défilé, permettez-moi de me substituer à lui.



Le défilé est ouvert par les miss "gendarmettes".
Elles arborent toutes leur ruban selon leur département de provenance.
Admirez l'élégance de leur tenue
et la féminité de leur port altier.
Leur discipline aussi.
Ayant raté le début du défilé, 
je n'ai pas pu voir si madame de Fontenay les précédait ...
je cherche à présent dans la tribune présidentielle, si elle y est ...
mais voilà déjà que défilent ....



Des hommes, semble-t-il ...
Mais pourquoi sont-ils moins nombreux que les gendarmettes?



Ces glorieux soldats, chasseurs alpins,
tout de neige vêtus,
répètent en fait pour une publicité pour une lessive
"qui lave encore plus blanc que blanc".
Les botines font tache combinées à leur dessous inspiré des précieux du XVIIème siècle.
Observez bien le premier soldat du premier rang:
tout, dans son attitude, montre qu'il sait où il va.



Ceux-ci sont des invités d'un film récemment paru sur les zombies.
Ils participent à la même publicité pour la lessive
"qui lave encore plus blanc que blanc".
Mais eux, c'est avant, tandis que les autres, c'est après.



Ceux-là, des hommes encore,
on les a vus défiler, il y a quelques jours à peine,
lors de la gaypride,
dans la catégorie "bears, daddies et uniformes"




Ceux-ci portent, par tradition, le tablier,
tandis que leur "bobonne" porte la culotte.
Mais à quoi peut bien ressembler la "bobonne" d'un légionnaire?



Le corps des pompiers.
Je m'étonne de leurs attributs.
Je ne sais pas vous, mais moi, ce que j'attends d'un pompier,
ce n'est pas une hache ou un fusil.




Le défilé se termine toujours par le meilleur.
Mon excellent ami parisien me parlait de l'étui pénien du pouvoir.
Rien à ajouter.


Crédit: je dois ces adorables photos à François Desseilles, qui a réalisé le reportage sur place.



2 commentaires:

  1. Je me dois de dire je connais des français aujourd'hui devenus liégeois par adoption qui apportent beaucoup à notre région tant dans la sphère publique que privée. Je n'ai donc aucun sentiment anti-français, loin de là.

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  2. En France c'est l'Etat qui créa la nation. Autrement la France n'existerait pas sans l'oeuvre multiséculaire de son Etat garant de la cohésion nationale. En Belgique les Wallons subissent la fédéralisation croissante de l'Etat belge qui a stimulé les revendications flammandes au lieu de les apaiser au point de risquer de provoquer son éclatement.

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