Rechercher dans ce blog

mercredi 9 mai 2012

Le dialogue impossible

Le scrutin majoritaire français y contribue, l'électeur doit obligatoirement se positionner pour l'un ou l'autre candidat. On peut certes voter blanc, ou nul, par protestation vis-à-vis du système ou par incapacité profonde à se faire une opinion sur l'un ou l'autre des deux candidats, à moins que ce ne soit définitivement sur quelque candidat que ce soit. Il y a aussi ceux qui s'en foutent royalement (en République, voilà qui est piquant) et préfèrent laisser aux autres le soin de décider à leur place ce que sera leur avenir. " Que votre oui, soit oui, et que votre non, soit non " (Jc, 5, 12).

N'étant pas voyant, je ne puis prédire ce que seront les cinq années de présidence de François Hollande. Mais d'autres savent apparemment : ils prédisent une catastrophe pour la France, pour l'Europe et pour le monde ! Je me suis aperçu que cette capacité de voyance "catastrophiste" relevait toujours de personnes marquées à droite. Quand la gauche veut créer de l'espoir, la droite répond en annonçant une catastrophe. Quand la gauche ose imaginer d'autres voies, d'autres priorités, les mêmes l'accusent de jouer à l'apprenti sorcier. Un gouvernement de gauche est toujours un gouvernement qui augmente les impôts et dilapide l'argent public ... Vous trouvez cela simpliste ? Moi aussi, mais pour certains tenants d'une société individualiste, libérale et capitaliste, cela ne l'est pas. Le fait de geler le prix de l'énergie pendant trois mois pour permettre à de nombreux ménages de tenir la tête hors de l'eau est vu par d'aucuns comme une atteinte inadmissible à la liberté d'entreprendre. A vous de juger.

Je me permets d'écrire ceci parce que les échanges lus ces derniers jours sur les réseaux sociaux, où je croise pas mal de gens intéressants et intelligents, ici et aux Etats-Unis, m'ont démontré qu'on peut être intelligent et dire n'importe quoi, une fois que l'on touche à l'idéologie politique. Les arguments sont parfois tellement simplistes, tellement conditionnés, dans la bouche de doctes personnes, que l'on se met à douter d'elles, certes  "pas en tant qu'individus, mais pour leurs idées", comme dirait Mgr Léonard. Il est vrai, on peut ne pas partager les mêmes idées et quand même aimer Brahms, par exemple (Wagner, j'ai plus de peine, je l'avoue ... mais pour des raisons strictement musicales).

La campagne présidentielle française a été, sur un point, symptomatique :
- la droite UMPiste s'est constamment refusée à dresser le bilan du quinquennat de Nicolas Sarkozy. On aurait aimé un bilan, clair, honnête, transparent, montrant objectivement les réussites et reconnaissant les échecs et des chiffres clairs. "Voilà ce que j'ai fait ; si vous pensez que j'ai répondu à vos attentes, élisez-moi pour un deuxième mandat".  Il n'est pas sain de laisser à l'adversaire le soin de dresser ce bilan. Demain, j'espère que Nicolas Sarkozy dira à François Hollande : "voici l'héritage que j'ai reçu en partage, voici ce que j'en ai fait ... le voici tel que je te le lègue". On pense évidemment à la célèbre Parabole des talents (Mt, 25, 14-30) ;
- il n'est pas sain non plus de traiter l'adversaire de menteur, au vu de ses propositions de gauche, alors qu'on refuse d'admettre son propre bilan de droite, ayant été plus qu'à son tour menteur. "Mais si vous avez le coeur plein d'aigre jalousie et d'esprit de rivalité, ne faites pas les avantageux et ne nuisez pas à la vérité par vos mensonges " (Jc, 3, 14).


Où se trouve le simplisme ?

Je trouve plus de complexité dans le discours de la gauche que dans le discours de la droite, plus d'ouverture et partant plus de subtilité. Cette complexité et cette subtilité ne font apparemment pas peur aux électeurs, puisque la gauche, en France, pourrait bien devenir majoritaire demain à tous les niveaux de pouvoir. Et si ce qui faisait défaut à la droite était un manque d'ouverture et de subtilité ? Je croise plus de doctrinaires à droite qu'à gauche, contrairement à certains clichés. Il n'y a plus beaucoup de communistes de l'ancienne école, mais il y a vraiment beaucoup de néo-libéraux, qui voient encore en tout adepte de la gauche une espèce de "dangereux communiste".

Je ris à la stratégie de cette droite française, aujourd'hui en déroute, qui ne trouve rien d'autre comme argument de campagne pour les législatives de juin que : "la République a besoin d'une opposition". Imaginez donc un seul instant que tous les rouages du pouvoir soient aux mains de la gauche ! On ne peut trouver attitude plus pathétique. La droite, comme on dit, n'a-t-elle pas eu tous les moyens à sa disposition, même un "hyper-président", pour se rendre crédible, pendant cinq ans ? Ne voilà-t-il pas maintenant qu'elle invoque un risque de déficit démocratique au cas où elle ne serait pas assez représentée au Parlement. Oui, cela est pathétique.

François Hollande, comme il est, comme il s'est présenté, a fait du changement sa priorité. Il y a en effet de nombreux changements à opérer, si on ne veut pas se retrouver demain sans plus aucune porte de sortie. François Hollande n'est pas le seul à penser cela en Europe. Il y aura, je le redoute, un jour ou l'autre, un affrontement réel, pour un renversement des priorités, qui pourrait ressembler à une révolution dont les dimensions risquent bien de ne pas être que nationales. La jeunesse en sera plus que certainement le ferment et l'aiguillon. Puisse-cette révolution être pacifique !

Pour la France et pour l'Europe, François Hollande sera peut être celui qui contribuera à infléchir les évidences, à renouveler les processus économiques, à démanteler les certitudes néo-libérales, à réduire l'influence des lobbies,  à renverser les priorités sociales. Je veux y croire. Puisse Angela y contribuer ! Elle se grandirait.  Et Jésus devrait aimer cela !

Aujourd'hui, je relève aussi avec amusement la charge de Didier Reynders contre Guy Verhofstadt ... Le MR (le parti belge"sarkozyste" allant de Didier Reynders à Charles Michel) ne peut plus entendre les propos "gauchistes", mais tellement sensés du président du groupe parlementaire libéral au Parlement européen (Open VLD). Argument suprême pour l'abattre : il fragilise son parti pour les prochaines élections belges ! Tout est dit.

http://www.lalibre.be/actu/politique-belge/article/736802/tir-liberal-contre-verhofstadt.html

L'avenir de notre monde, de nos sociétés, mérite mieux, vraiment mieux, que des débats stériles entre gauche et droite. Le plus inquiétant est que rares sont ceux à l'avoir compris.

" La multitude de ceux qui étaient devenus croyants n'avaient qu'un coeur et qu'une âme et nul ne considérait comme sa propriété l'un quelconque de ses biens ; au contraire, ils mettaient tout en commun ... Nul parmi eux n'était indigent : en effet, ceux qui se trouvaient possesseurs de terrains ou de maisons les vendaient, apportaient le prix des biens qu'ils avaient cédé et le déposaient au pied des apôtres. Chacun en recevait une part selon ses besoins " ( Ac, 4, 32-34).

Ce texte met, je le pense, le doigt sur la cause de tous nos dérèglements. Les résultats ne représentent pas le plus important ici. L'origine, le fondement de la vie ensemble, sont au coeur de la parole : eux, ils avaient un coeur et une âme ; ils n'avaient même qu'un seul coeur et une seule âme. Tout le reste en découle.






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.