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lundi 21 mai 2012

Deux moments musicaux

Après une semaine fort perturbée par de nombreuses contrariétés, j'ai vécu un dimanche un peu plus serein. Un repas détendu avec mes parents. Un retour par la braderie en ville. Quelques rencontres inopinées.

Un premier moment musical sur la braderie, entraînant et jubilatoire en diable. Un orchestre de rue, uniquement composé de saxophonistes et de deux percussions, jouant de leurs instruments, chantant, dansant et déambulant, braderie oblige. Un répertoire fait de standards de jazz, de mambos, de chacha, de musiques de films (ah ... la musique du générique final de la série Les Gendarmes avec Louis de Funès). Il n'était pas étonnant de voir le public les suivre. Et puis un bel hommage dans le fond à Adolphe Sax, le concepteur (belge) du saxophone.

http://www.saxafond.eu/

Le soir, pour une fois délivré de mon devoir de surveillance, les émotions étaient autres.

J'ai déjà exprimé ici mon intérêt pour les démarches artistiques qui jettent des ponts, associent les disciplines. J'ai évoqué, il y a quelques semaines déjà, la dramatisation par un comédien des psaumes dans la traduction de Paul Claudel.

http://xavierciconia.blogspot.com/2012/04/liturgies-quatre-jours-wavreumont.html

Une démarche proche était proposée, hier soir, à la collégiale Saint Denis de Liège.

L'élément fédérateur était le Cantique des cantiques, un des plus beaux poèmes d'amour de l'humanité.





Une artiste inspirée, Sabine Corman, a peint ce poème. Dans l'explication qu'elle fournit de sa démarche artistique, elle explique, dans le fort beau programme disponible à l'entrée, être passée du simple poème d'amour à l'allégorie qui voit dans le bien-aimé, le Dieu d'amour, créateur de toute vie, et dans la bien-aimée, son peuple, mais aussi et surtout l'âme et la personnalité profonde de chacun. L'on se retrouve ainsi dans la bien-aimée qui dort, qui cherche, qui poursuit, qui désire, qui s'égare. Et l'on découvre dans le bien-aimé un amoureux passionné, qui attend, se cache, qui passe, qui guette, qui frappe, qui enlace, caresse et étreint.




Il y avait donc le texte (dit, hier soir, par Gérard Hubert), les peintures de Sabine Corman, projetées en video et offertes au regard dans des versions réduites dans tous les recoins de l'église.

Il y avait aussi la prestation de l'ensemble vocal Marignan. Le niveau de qualité dans l'interprétation, la cohésion de l'ensemble, la beauté des voix sont remarquables, portées par l'acoustique généreuse de la collégiale Saint Denis.




J'ai été aux anges avec la première partie consacrée à la musique ancienne, un peu moins séduit par les Sieben Lieder op. 62 de Brahms, non à cause des interprètes, mais parce que la première partie alternait les émotions et les couleurs, et que, avec Brahms, un assez long moment était proposé semblant enfermé toujours dans un même registre. Ma plus belle découverte a été la pièce de Debussy " Dieu! Qu'il fait bon la regarder ". Mais aussi des pièces de William Walton et Healey William, inconnus de moi.

Ceci n'est pas une critique, mais il m'a semblé que la sélection des pièces musicales prolongeant le Cantique des cantiques en a uniquement retenu le poème amoureux, contrairement à la démarche de Sabine Corman. Mais, rien que de ce point de vue, l'expérience a été, pour moi, passionnante. Les paroles de Turtle Dove ont une filiation évidente avec le Cantique des cantiques, par exemple.

Si jolie tu es, ma toute belle,
Et je suis si passionnément amoureux, 
Jamais je ne tromperai ma bien-aimée
Jusqu'à ce que les étoiles tombent du ciel


(English folksong)

Avec un auditeur musicien venu de Gand, nous devisions sur l'adéquation entre l'image et la musique. Alors que j'ai été vraiment séduit par le travail de Sabine Corman, la musique parfois m'a tellement pris que, malheureusement pour elle, je ne regardais plus l'image, question de sensibilité sans doute. Lui, me disait, que ce qui ne fonctionnait pas parfois, hier soir, dans l'association étroite entre image défilante et musique, aurait été par contre parfaitement adéquat avec la musique d'Arvo Pärt, par exemple. C'est un avis.

Tout cela est question de sensibilité.

Je tiens à souligner l'originalité de l'initiative, le très haut niveau des performances. Il faut poursuivre.

Un dernier élément à souligner concerne le programme disponible à l'entrée. Celui-ci de qualité permet, ce qui est rare, de prolonger l'émotion. Non seulement, il parle des intervenants et de leur démarche. Il parle aussi bien entendu des oeuvres et en donne le texte. Il donne en plus le texte du Cantique des cantiques et trois reproductions des tableaux de Sabine Corman. Là, je dis bravo !

Concernant l'ensemble vocal Marignan : www.ensemblevocalmarignan.be


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