Le titre du plus récent ouvrage de Franz-Olivier Giesbert ( Dieu, ma mère et moi, Gallimard, 2012) m'a tout de suite interpellé. J'étais dans les rayons de la FNAC et j'imaginais tout ce que j'aurais envie de dire ou d'écrire sous un tel intitulé ! J'avais hâte de savoir ce que F.O.G. avait pu écrire et si d'éventuelles correspondances existaient entre lui et moi.
Incontestablement, la foi de F.O.G. est très personnelle. Elle a été nourrie tantôt par la foi de sa mère, tantôt s'est construite en dehors de celle-ci. Il a eu une chance insigne : sa mère était professeur de philosophie. C'est dire si entre lui et sa mère un espace privilégié de dialogue pouvait exister. Sa mère catholique et vouée à Descartes. Lui, batifolant un peu partout.
F.O.G. ne croit pas au Dieu créateur (il préfère un Dieu immanent en tout); il ne croît guère en la divinité de Jésus; il se dit bouddhiste, musulman, taoïste, manichéen et disciple de Bruno Giordono. Et après cela, paradoxalement, il se dit chrétien par toutes ses fibres et heureux de l'être.
Il est attiré par le panthéisme et, comme moi, voue une grande admiration à Jean Giono. Il tend à prendre ses distances d'une religion trop anthropocentrique, telle que Saint Paul l'a forgée. Il a une affection particulière pour des saintes marginales et un peu, voire totalement folles, particulièrement Sainte Thérèse de Lisieux et, pire encore, Sainte Marguerite Alacoque (laquelle par esprit de sacrifice a mangé le vomi d'un patient qu'elle assistait). Les vies des saints sont parfois assez gore. On y apprend des tas de choses sur Saint Augustin, sur Hildegarde von Bingen, sur Angèle de Foligno, sur Plutarque et Pythagore, sur Max Jacob, André Frossard, Paul Claudel et Simone Weil, sur Descartes, Spinoza et Kant. C'est souvent brillant et de temps en temps un peu vache.
A vrai dire, à la lecture de ce livre, un peu fourre-tout, où l'auteur témoigne d'une immense érudition (je n'ai pas lu le tiers du quart des ouvrages qu'il évoque et qu'il cite), on est pris d'un certain malaise. Lui qui se dit chrétien, ne cite pas une seule fois les évangiles. Il dit même que le dernier endroit où on peut trouver Dieu, c'est la Bible.
Je veux croire en la sincérité de F.O.G., même s'il explique que, jeune, il a entamé, avec un certain succès, une carrière de mystificateur (p. 158).
De cet ouvrage, je citerai le passage suivant :
Descartes n'a jamais essayé de prouver sa propre existence qui, après tout, pouvait être sujette à caution. Pourquoi, alors, s'est-il échiné à prouver celle de Dieu ?
Les philosophes se sont ridiculisés chaque fois qu'ils ont essayé de prouver l'existence de Dieu. Une hécatombe qui a fauché les plus grands d'entre eux de Descartes à Hegel, en passant par Leibniz.
Dieu ne se prouve pas : comme je l'ai déjà dit, il se vit, il se respire, il se boit ...
Il est donc heureux que la philosophie ait abandonné la métaphysique et la question de Dieu pour des sujets plus triviaux laissant le Tout-Puissant aux saintes et aux saints, laïcs ou pas, qui en parlent si bien, avec une force et une poésie de l'autre monde. Avec eux, au moins, on n'est jamais déçu.
La philosophie a perdu en majesté ce qu'elle a gagné en crédit. Elle est retournée au sources, elle ne se mêle plus que de ce qui la regarde : il y avait quelque chose de pathétique à l'observer se tortiller pour percer des mystères qui la dépassaient comme ils dépassent encore les scientifiques de toutes obédiences.
Moins personnel est l'ouvrage de Jean-Christian Petitfils, grand succès de librairie (Jésus, Fayard, 2011).
C'est l'ouvrage d'un historien croyant, qui se veut avant tout historien.
L'auteur suit l'évangile de Jean, le disciple que Jésus aimait, qu'il distingue de Jean, le fils de Zébédée, l'apôtre. Il complète avec des informations que l'on trouve dans les synoptiques (Mathieu, Marc et Luc). Son propos est de mettre les faits, les personnages, les idées dans leur contexte historique, compte tenu des dernières découvertes. Cela aide à mieux comprendre.
Je n'ai pas appris grand chose de neuf, mais il s'agit d'une bonne synthèse de ce que l'on sait aujourd'hui. Le plus intéressant, pour moi, se trouvait dans les annexes concernant la formation des évangiles, les manuscrits de Qumran, etc.
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