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samedi 29 septembre 2012

Apéro de quartier - Mi-figue, mi-raisin

Quatre voisins et voisines ont eu l'excellente idée d'inviter hier les riverains du Quai de Gaulle, où j'habite, à un apéro "sur le quai", juste à côté de la fontaine Montefiore.

Quatre-vingt personnes étaient présentes ... plus un échevin (élections communales obligent), plus les deux agents de quartier, plus des représentants du comité Outremeuse Promotion.

Il y a quelques mois, j'aurais fui résolument ce genre d'événement, non qu'il soit déplacé, mais parce que je ne me sentais pas à même d'affronter un événement collectif, préférant les échanges en duo ou mon ermitage domestique.

Et bien, surprise. Je me suis senti très à l'aise pour rencontrer les uns et les autres, ne me contentant pas qu'on vienne à moi, mais provoquant l'échange, la rencontre.

Réflexion faite, le milieu universitaire a beaucoup contribué à mon isolement, tellement j'avais en horreur les manifestations publiques, ou facultaires, auxquelles j'étais convié. Comme je n'ai jamais été un juriste qui compte, dans la constellation des esprits qui aiment se montrer et se rencontrer, j'ai dû nourrir un complexe d'infériorité. Ceux qui m'aiment, anciens collaborateurs ou étudiants, me rassurent en me disant que j'étais un vrai pédagogue. Ou qu'ils ont été touchés par ma personnalité, ce qui compte plus que tout.

Au début, les gens se regroupaient par immeuble, ceux du 17, ceux du 6, ceux du coin et ceux du milieu.

Le 17, mon immeuble, était bien représenté ... par la vieille génération, j'entends par là la plus vieille que moi. J'aurais aimé que les trois jeunes couples de mon immeuble soient là aussi avec leurs enfants. Il n'y avait aucun enfant à ce rendez-vous convivial. Mon fils, Sam, je crois, devait être le plus jeune.

Ce fut un réel plaisir de faire connaissance avec des voisins inconnus croisés tant de fois dans la rue. Dorénavant, ces voisins ont un nom, un statut (un tel est médecin, un autre est archiviste, une autre a été infirmière, un autre est enseignant, un autre encore archéologue, un autre vend des voitures). Je sais maintenant que les douairières de mon immeuble s'appellent Elise et Tania ... Certains résidents ne sont pas venus ou n'ont pas osé venir. Je pense particulièrement à eux. La convivialité est pour certains une montagne : ils aimeraient bien, mais ne peuvent pas.

Un moment cocasse a été celui où, affinités obligent, je me suis retrouvé entouré de huit calvinistes, comme dit un excellent collègue émérite qui en est, mais qui n'est pas résident du Quai de Gaulle. On se connaissait tous à vrai dire, au moins un peu. Je comprends mieux pourquoi le libraire iranien du coin expose le magazine Têtu, à chaque parution ... il a une clientèle assurée.

Je n'ai pas pu m'empêcher d'évoquer avec l'une ou l'autre des personnes présentes mon incompréhension concernant la suppression des bancs publics sur le quai. Je me suis heurté à un discours sécuritaire, bardé de peurs, de préjugés, pas seulement chez les personnes plus âgées ou les femmes seules, certaines personnes plus jeunes exprimaient aussi une véritable haine dès que le sujet était abordé (un des organisateurs). J'ai constaté un rejet viscéral non seulement des toxicomanes, ce qui peut se comprendre, mais plus généralement de l'étranger, de l'arabe, et même des jeunes en général.

Une dame, qui a emménagé récemment dans mon immeuble, déplorait qu'il n'y ait pas de boucherie convenable dans le quartier. Je lui ai signalé qu'une excellente boucherie existait dans la rue juste derrière, chez Boushaba. Elle m'a répondu : je n'irai jamais là ; chez les arabes, ce n'est pas propre. Je lui ai répondu : au lieu de dire cela, allez voir. Il n'y a pas plus à cheval sur l'hygiène qu'un musulman. J'avais l'impression de lui demander la lune.

Le moment a été globalement convivial et sympathique pourtant.

Il n'en reste pas moins que la majorité des personnes présentes manifestaient le désir de vivre là, au calme, sans bruit, à l'abri de toute population indésirable (entendez un tant soit peu différente). J'avais envie de leur dire : alors, allez vivre ailleurs qu'en ville.

Leur slogan était : "Les riverains du Quai de Gaulle se réapproprient leur quai". Un quai (espace public) pour eux seuls, semble-t-il. Ils avaient beaucoup de peine à comprendre quand je leur disais qu'ils m'avaient dépossédé du quai en enlevant les bancs publics. Et pour cause, ils ne s'y sont jamais assis. Ils regardent le plus souvent la télé chez eux.







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