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dimanche 2 septembre 2012

Une religion de règles et d'obligations

Pour des générations de croyants, hier et encore aujourd'hui, être un bon croyant, être religieux, a consisté (et consiste encore parfois) à respecter des règles, des obligations. Mes parents ont été éduqués comme cela, mais ont évolué. Mon ami Az. vivait principalement sa religion musulmane selon ce mode : c'est par le respect scrupuleux des règles de la religion qu'il pouvait être identifié comme un bon musulman.

N'était-ce pas le mode prescrit par Moïse (Dt, 4, 1-2, 6-8) ? Votre identité, disait-il aux Hébreux, se reconnaîtra au respect des règles que je vous ai transmises. C'est à cela aussi que les autres peuples vous distingueront.

Reconnaît-on encore les chrétiens aujourd'hui à leur souci de respecter scrupuleusement les règles de l'Eglise ?

Certains, au Vatican, l'aimeraient encore.

Mais, il faut bien l'avouer, de l'eau a coulé sous les ponts. Il y a eu le concile Vatican II (trop tôt freiné dans ses intuitions d'avenir par l'aile la plus conservatrice de l'Eglise). Il y a eu le progrès des sciences humaines et de l'âme (psychanalyse, psychologie des profondeurs ...). Il y a eu surtout l'abandon d'un modèle fondé sur une norme sociologique au profit d'un autre qui questionne davantage l'individu.

L'évangile du jour donne pourtant la réponse (Mc, 7, 1-23). Aux pharisiens qui s'étonnent de ne pas voir les disciples de Jésus respecter les ablutions rituelles, Jésus répond, en citant Esaïe : "Ce peuple m'honore des lèvres, mais son coeur est loin de moi. Il est inutile le culte qu'ils me rendent ; les doctrines qu'ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes" (Mc, 7, 6-7). C'est dire que Jésus n'invente rien. 

Une identité ne s'acquiert pas par le respect de règles religieuses. On ne gagne pas son salut en étant scrupuleux. Paul ne dira pas autre chose : ce ne sont pas les actes, mais la foi qui seule ouvre la porte du salut (Rm, 3, 28).

Jésus pourtant devance l'avenir dans ce récit. Ne parle-t-il pas, à propos de l'homme, de ce qui est extérieur à lui et de ce qui vient du dedans de lui ? Certes, Jésus n'est pas très optimiste quand il évoque le dedans du coeur de l'homme : il ne parle que de pensées perverses (inconduite, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure). C'est pourtant assez lucide. Heureusement, rares sont ceux qui accumulent autant de défauts ...

L'invitation donnée par Jésus est de nous concentrer sur ce qui nous constitue au plus profond de nous-mêmes, avant de nous préoccuper de l'extérieur. Cela passe par un chemin de connaissance de soi : "Connais-toi, toi-même", disait Socrate avant lui.

Une fois le ménage fait en soi, rien de ce qui vient de l'extérieur ne peut plus nous rendre impur.

C'est le chemin auquel nous sommes conviés. Ce chemin est bien loin d'une religion fondée sur les règles et les interdits. Il est surtout plus exigeant.

Comment ne pas évoquer le décès, en ce week-end, du cardinal Martini, archevêque de Milan, à l'âge de 85 ans, une  grande figure de l'Eglise conciliaire et post-conciliaire, qui, lors d'une interview, il y a quelques jours à peine, regrettait le manque de vision et d'audace de la Curie et du Pape. Ce cardinal jésuite n'hésitait pas à dire que le discours actuel de l'Eglise avait deux cents ans de retard, ce qui l'inquiétait beaucoup.











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