Rechercher dans ce blog

mardi 25 septembre 2012

Les livres de ma grand-mère


J'ai chez moi, en héritage, plusieurs ouvrages auxquels ma grand-mère tenait particulièrement. Ils sont reliés plein cuir. Il s'agit rarement de romans. Ils touchent toujours à la spiritualité et à la foi chrétienne. C'est une histoire de famille.

J'ai fait un petit inventaire. Il n'est pas inintéressant de savoir ce que ma grand-mère, née le 25 décembre 1899, lisait.

Cela commence bien. Le premier ouvrage sur lequel je tombe est un commentaire de la règle de Saint Benoît, écrit par un chanoine, oblat de l'abbaye de Saint Wandrille (G.A. Simon, La règle de Saint Benoît commentée pour les oblats de son ordre, éd. de Fontenelle, 1947, 3ème éd.). Parcourant ce livre, je découvre la signature de ma grand-mère à la page 25. Elle marquait tous ses livres à la page 25. J'ai conservé le livre, mais ne l'ai jamais lu.

Ensuite, François Mauriac (1885-1970). Ma grand-mère a toujours voué une grande admiration à François Mauriac. Elle ne savait pas tout de lui.



L'ouvrage que j'ai entre les mains s'intitule Nouveaux mémoires intérieurs, Flammarion, 1965.  Je constate que, comme moi, ma grand-mère souligne les phrases qui l'interpellent. Je découvre que ma grand-mère préférait la poésie au roman. Que les références littéraires de ma grand-mère s'appelaient Claudel, Bernanos, Péguy et Maritain. Et je constate que le thème de la vieillesse ne la quittait jamais : "Un jour, cela compte à notre âge. Il est doux à tout âge de voir la lumière ; mais quand le déclin est venu, comment décrire ce bonheur d'être forcé de fermer les yeux quand le soleil de l'arrière-saison nous enveloppe de la dernière caresse à laquelle nous ayons droit "

Le couple Raïssa et Jacques Maritain figure aussi dans le panthéon de ma grand-mère. Jacques Maritain (1882-1973) est un philosophe français, converti au catholicisme. Le scientisme en vigueur à la Sorbonne, en son temps, lui a semblé inapte à répondre aux grandes questions de la vie. Il a été un grand spécialiste de Thomas d'Aquin. Après une période où il a été proche de l'Action française, il s'est ouvert à la démocratie et la laïcité. Et son oeuvre a influencé les débuts de la démocratie chrétienne.



J'ai sous la main un livre de Raïssa Maritain, Les grandes amitiés, Desclée de Brouwer, 1949.

Les passages soulignés par ma grand-mère me touchent et m'émeuvent profondément. Je découvre à quel point ma grand-mère a été habitée par la tristesse, par le doute, par le silence de Dieu. Impossible de les citer ici. Je découvre, adulte, ma grand-mère comme je ne l'ai jamais connue enfant.

Deux ouvrages aussi de Louis Evely : C'est toi cet homme, Editions universitaires, 1956 et Notre Père, Editions Fleurus, 1956.



J'aime beaucoup que ma grand-mère ait souligné, dans la préface de l'un deux, le passage suivant : " des vérités que l'on croyait connaître et qu'on découvre de façon nouvelle ". A ceux qui m'opposent sans cesse le dogmatisme de la religion catholique, je leur conseille de prendre rendez-vous avec ma grand-mère. Et j'aime cette phrase qu'elle a soulignée : " Nous ne sommes pardonnés que si nous pardonnons ".

En 1972, j'avais 17 ans, ma grand-mère, m'a offert un livre qui m'a marqué : Joseph Malègue (1876-1940), Augustin ou le maître est là, Editions Spes. Le héros traverse, affronte, la crise moderniste qui a tant perturbé ma grand-mère. A l'époque, j'ai lu tout cela sans bien comprendre. Je dois absolument relire ce livre au style ciselé.

Je relis surtout sa dédicace : " Dieu ne laisse pas errer jusqu'à la fin ceux qui, le cherchant dans la bonne foi de leur coeur, ne l'ont pas trouvé. Il enverrait plutôt un ange " (Thomas d'Aquin).

Et " Pourquoi un vaste Dieu inconnu n'absorberait-il pas fraternellement, avec tous ceux qui ont cru le trouver, ceux qui l'ont cherché en vain, dans les larmes et les ténèbres de la terre ? " (J. Malègue).

C'est ce que me léguait ma grand-mère avec sa plus tendre affection et que je ne pouvais pas vraiment comprendre. Aujourd'hui, cela me bouleverse vraiment.

Et puis, il faudrait aussi que je parle de Gustave Thibon et de Marcel Légaut, deux autres référents de ma grand-mère, de sa génération.




Gustave Thibon



Marcel Légaut









Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.