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vendredi 28 septembre 2012

Luxe, festin et danse

Je viens de lire, ce matin, un opuscule de 63 pages, assez stimulant : Marie Balmary,  Freud jusqu'à Dieu, Actes Sud, coll. "Le souffle de l'esprit", 2010.



La psychanalyse n'est-elle pas un luxe ? Oui, selon l'auteure, comme toute vie spirituelle. Si spiritualité et psychanalyse ont d'abord paru incompatibles, Marie Balmary nous dit que la pratique clinique et un nouvel accès aux textes spirituels conduisent à penser la vie spirituelle comme le luxe de l'humanité sans lequel la vie humaine souffre de n'avoir, ni en malheur ni en bonheur, son ampleur.

Dieu serait alors aussi un luxe !

Impossible de résumer cet ouvrage. J'en livrerai seulement quelques lignes :

"Luxe, festin, danse ... Tant de rites religieux à bien les lire vont dans cette direction : beauté de tous les temples, dépenses inutiles, somptueuses, essentielles, des parfums, des lumières, des vêtements, des objets .. Et partout la musique, irrécupérable ...

L'humanité, me semble-t-il, trouve la joie lorsqu'elle arrive à placer la vie spirituelle partagée hors de la religion archaïque, hors de portée du surmoi.

Ce merveilleux festin ramène à mon esprit la phrase de Nietzche : "Je ne croirai qu'en un dieu, s'exclame Zarathoustra, qui s'entendrait à danser". Là encore, le divin, la danse, la fête. Nietzche a-t-il jamais su combien, derrière la religion qu'il combattait, l'Ecriture lui donnait raison ?

Car cette danse nous emmène des milliers d'années en arrière. Au livre de l'Exode (5, 1). Moïse et son frère Aaron vont voir pour la première fois Pharaon pour demander qu'il libère le peuple hébreu de l'esclavage où il est tenu.

"Ainsi parle le Seigneur, Dieu d'Israël : Laisse partir mon peuple et et qu'il fasse au désert un pélerinage en mon honneur."
Trad. TOB

"Ainsi a dit YHWH, l'Elohim d'Israël : Renvoie mon peuple, ils me fêteront au désert."
Trad. André Chouraqui (retenue par l'auteure)

(Si l'on pense seulement ici à ...) un autel et (à) des prosternations, on fait totalement fausse route. Le verbe hébreu "ils fêteront" a pour racine "cercle" et signifie "danser en rond". Il s'agit d'une fête où tout le peuple est agissant.

La ronde est la première et peut-être aussi la dernière image d'une communauté humaine : la place égale de tous les danseurs autour d'un vide médian qu'ils dessinent ensemble et qui les réunit. Distincts et reliés. Notre désir peut-être le plus profond.

La figure est si juste qu'on ne sent même pas la loi qui la règle pourtant rigoureusement. Il suffit de respecter ce vide central, que nul ne viendra occuper et se donner la main autour de lui. Loi légère qui peut-être les représente toutes. Quant au milieu, nul n'a de savoir sur lui. Et ce non-savoir est lui-même loi de relation à autrui".













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