Partout, dans le monde, des lieux sont dédiés au divin, dieu unique ou dieu aux multiples visages, dieu personnel, dieu abstrait ou non-dieu (ce qui revient à peu près au même).
Certains de ces lieux sont ouverts à tous, d'autres pas. Je me demande pourquoi. Tous les lieux qui parlent du divin ne devraient-ils pas être ouverts à tous?
Avec Az., nous avons beaucoup visité les lieux de culte, de tous les rites, de toutes les traditions. Pour l'art, pour l'architecture, pour le message, mais surtout pour le divin qui pouvait y être ressenti. Deux types de lieux m'étaient interdits les loges maçonniques et les mosquées. Az. avait un avantage sur moi, étant musulman, lui, pouvait entrer dans les mosquées (et même les synagogues!). J'aurais pu frauder et me faire passer pour musulman. Le rapprochement est néanmoins surprenant: les lieux d'exclusion, en ce qui me concerne, relevaient donc, d'une part, de la libre pensée et des Lumières, et, de l'autre, de la religion musulmane.
Az., par contre, a pu visiter, avec moi, des églises, des temples protestants, des monastères, des synagogues, des temples hindous ou bouddhistes thibétains.
A Cordoue, existe une mosquée-cathédrale, fruit de l'histoire, où le culte musulman n'est plus permis. A Istambul, Sainte-Sophie est une église devenue mosquée, où le culte chrétien n'est plus permis.
Permettre et interdire? En vertu de quoi?
Jeudi dernier, je renouais avec le chant choral. Le groupe répète dans les locaux d'un ancien couvent, jadis prospère, comme séminaire d'un congrégation religieuse. Il y fait froid. L'église gigantesque est désespérément vide. Une crypte accueille les derniers fidèles autour d'une poignée de prêtre chenus. C'est N. qui a lancé l'idée: permettre aux très nombreux musulmans du quartier de pratiquer leur culte en ce lieu ne serait-il pas à la fois une manière de rendre à ce lieu sa fonction première et de résoudre la question des mosquées "dans des garages"?
Iconoclaste?
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Il y a 11 mois
Des amis qui ont lu ce post m'ont indiqué, ce que je ne savais pas, que l'interdiction d'accès aux mosquées pour les non musulmans est très limitée géographiquement: essentiellement l'Arabie Saoudite (pour les lieux saints) et le Maroc, en vertu d'un ancien règlement du maréchal Liautey, du temps du protectorat français. Ces amis m'ont indiqué qu'en Syrie, à Damas, les mosquées sont ouvertes à tous, à la condition de respecter la foi de ceux qui y prient et le lieu. C'est le minimum qu'on puisse exiger. Un de ces amis, qui connaît bien la région et les Balkans, me disait que les mosquées étaient souvent plus ouvertes que les églises orthodoxes locales où l'on est accueilli avec suspicion, méfiance et moyennant finances. Je veux bien le croire. Il me disait aussi: le jour où tu entreras dans une mosquée, ne prends pas ta bible, récite plutôt en ton coeur les quelques mots qui constituent la profession de foi des musulmans. Après cette expérience, tu retourneras à la bible, si c'est ton choix. Ouf!
RépondreSupprimerPeut être pourriez-vous essayer l'une ou l'autre mosquée liégeoise puisqu'il semble qu'elle sont ouvertes à tous
RépondreSupprimerVoici ce que précisait mon ami baroudeur: Mis à part les lieux saints d'Arabie Saoudite, toutes les mosquées sont ouvertes aux non-musulmans. Cela fait d'ailleurs écho à l'universalisme de l'Islam. Pour ce qui est de l'interdiction de pénétrer dans les lieux sacrés au Maroc, elle date du protectorat français et d'une décision du résident général Lyautey, qui était soucieux de ménager des espaces de liberté aux musulmans. Franchement je trouve dommage que le Maroc ne revienne pas sur cette décision. J'ai été moi aussi confronté à cet interdit lors de mes séjours au Maroc. Quand on a visité parmi les plus belles et vénérables mosquées (Selimiye d'Edirne, celle des Ommeyades à Damas entre autres), clairement on la trouve "mauvaise" de se faire refuser la visite d'une petite mosquée décrépie au fin fond d'une médina. Mais bon...Pour ce qui est du respect et d'Istanbul (puisque tu parles de Sainte-Sophie), n'oublie pas que celle-ci est musée d'état depuis Atatürk. Par contre, hors de question dans cet état laïc de rétrocéder au culte byzantin toutes ces merveilleuses églises en brique dont les mosaïques ont été allègrement plastronnées lors de leur conversion en mosquée. Sur ces points, l'Islam a encore du chemin à faire. :-) Ceci étant dit, ce sont pour moi des cas isolés, et je dois partager cette impression que ce sont les mosquées parmi les lieux saints qui sont les plus accueillantes et "chaudes" (voir Martine Gozlan, "Le désir d'Islam", pour un chapitre intéressant sur ce sujet - le côté matriciel de l'architecture des mosquées). La palme de "pire" pour moi: les églises orthodoxes dans l'entièreté des Balkans, payantes, photographies interdites, regards suspicieux, accueil glacial.
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