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mardi 14 juin 2011

Les doubles noms et les noms à rallonge

Ceci n'est pas une spécialité française, quoique. En Espagne, au Portugal, le patronyme est bien souvent une espèce d'arbre généalogique. On ne trouve guère de Jacques Dupond ou de Gisèle Durand en ces contrées. On y rencontre des Jose Manuel Oliveira da Silva de Barroso, etc., ce qui est quand même plus chic.

Il ne s'agit pourtant point d'aristocrates ayant additionné particules sur particules. Simplement, le nom doit donner une indication sur la lignée à laquelle on appartient. Il en est de même dans le monde moyen-oriental (sera-t-il un jour permis d'écrire: judéo-musulman?). On y est toujours le "ben" (ou le "bin") de quelqu'un, c'est-à-dire "le fils de".  Comme dans "Ben Laden", qui veut dire à peu près la même chose que  "da Silva de Afaroubeira" ...

Il existe cependant une spécialité française faite de patronymes doubles. Une de mes collègues (pendant fort peu de temps) qui fut surtout mon professeur (pendant un peu plus de temps) signait ses articles:" Irma Moreau-Margrève". Née Margrève, elle était devenue Moreau, par mariage et n'entendait pas que le mariage pût effacer quoi que ce soit de ses origines, tout en se soumettant à celui-ci, d'autant que ses premières publications avaient été rédigées sous le nom d'Irma Margrève. Elle avait été précédée par une grande figure de la faculté, professeur(e) de droit civil, plus audacieuse, qui elle signait "Simone David-Constant" (elle s'appelait David, le baron Constant fut ainsi relégué au second rang, bien qu'il fût nanti, professeur, et son mari).  Deux manières de s'affirmer. On voit bien que, dans le parcours de ces doctes enseignantes, leur mari ne tient pas exactement la même place (je veux dire, la première ou la deuxième). Comment faut-il décortiquer le nom de madame Delmas-Marty, membre de l'Institut et de tas d'autres institutions en France, toute voisine? Elle s'appelle ainsi, mais on ne sait pas pourquoi elle s'appelle Delmas ET Marty.

Quoique féministe, Elisabeth Bleustein-Blanchet, ça commence bien, a choisi d'écrire sous le nom de son mari: Elisabeth Badinter, un atout dans le milieu des media et de la pensée. Badinter est plus simple en effet que Bleustein-Blanchet.

Quand ma mère signe un document, elle ne signe pas M.J. Hermans, elle signe M.J. Parent, du nom de mon père. N'est-ce pas un peu désuet?

Bref, il y a lieu de distinguer les femmes qui ont un nom et cherchent à s'en faire un autre avec celui de leur mari et celles qui se contentent du leur.

Cela n'explique pas tout. Nombre de personnalités françaises masculines se présentent sous un double patronyme. Les exemples sont foison: je pense à messieurs Chaban-Delmas, Poirot-Delpech, Robbe-Grillet, on pourrait en trouver d'autres encore ... Je doute cependant que monsieur Chaban, fût époux Delmas, et ait jugé bon d'adjoindre à son patronyme celui de son épouse.

D'où proviennent dès lors ces doubles patronymes? Une hypothèse: il s'agit peut-être de naissances illégitimes ... ou de surnoms dans la Résistance, comme me l'a rappelé un ami, à propos du sieur Delmas, dit Chaban chez les résistants. Chaban n'est alors toutefois pas son nom, mais un surnom, un nom d'emprunt ou un nom de scène. Annie Cordy n'a jamais demandé à ce qu'on l'appelle madame Cooremans-Cordy ou Cordy-Cooremans, elle sait faire la part des choses.

Finalement, je préfère les noms brefs: Py (comme Olivier Py), mais pas Tron (comme Georges Tron, que ma mère trouve très bel homme cependant ... ma mère et moi n'avons décidément pas les mêmes goûts).

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