N'est-ce pas ce que dit Dieu, par la bouche du prophète Ezechiel (Ez, 17, 24) : " je renverse l'arbre élevé et relève l'arbre renversé, je fais sécher l'arbre vert et reverdir l'arbre sec " ? Chaque fois que nous élevons un arbre à la mesure de notre orgueil, il le renverse. Et chaque fois que, dans notre aveuglement, nous renversons un arbre, il le relève. Comme si Dieu, avec nous, faisait toujours un peu preuve d'esprit de contradiction, pour nous inviter à aller encore plus loin.
L'évangéliste Marc parle aussi d'une semence (Mc, 4, 26-34). Nuit et jour, cette semence va germer et grandir. On considère généralement que la semence dont parle l'évangéliste est la Parole de Dieu, accessible pour les juifs et les chrétiens, dans l'Ancien Testament, uniquement pour les premiers, mais aussi dans le Nouveau, pour les seconds. Et la terre semée, c'est nous. Qui est le propriétaire du champ ? Là n'est pas la question. Ce qui est surtout intéressant, c'est ce que Marc dit de l'homme dont le champ a été ensemencé. La semence germe et grandit, nuit et jour, " qu'il dorme ou qu'il se lève, il ne sait comment ".
Une fois la terre ensemencée par la Parole, quelque chose se passe, qui nous échappe, et qui échappe peut-être même au semeur, quelque chose qui dépasse notre compréhension et n'est même pas dépendant des moments où nous sommes spirituellement en éveil, prêts à recevoir et à accueillir ; ce quelque chose se passe même pendant les nuits de nos vies, nos périodes d'assoupissement ou de brouillard. La semence germe et grandit, tout le temps, même quand nous sommes les moins coopérants ou les moins réceptifs. Ceci est important : il ne dépend finalement pas de nous que la Parole semée porte en nous du fruit, une fois que nous l'avons accueillie. Même malgré nous, elle fait son oeuvre. Ceci me rassure, moi qui ne suis pas toujours très coopérant.
Marc parle aussi d'une autre semence : le grain de moutarde (on parle aussi parfois du grain de sénevé). Cette graine est minuscule mais, une fois qu'elle a grandi, elle dépasse toutes les plantes potagères. Un petit rien peut donc faire de grandes choses. On ne soupçonne pas la puissance de la Parole. Même si nous la fréquentons à petite dose - ce qui n'est pas le cas de mes frères moines - elle réalise en nous de grandes choses pas seulement pour nous-mêmes : elle nous permet d'accueillir et de protéger les oiseaux du ciel. En sommes-nous conscients ?
Alors, imaginez, si nous nous mettons tous à semer autour de nous, ne fût-ce qu'un tout petit peu de cette parole, juste comme un grain de moutarde ...
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