J'ai recueilli, ce matin, pendant une heure et demie, le témoignage d'une mère (par ailleurs aussi arrière-grand-mère). Elle était encore sous le coup d'un choc.
Son plus jeune fils, de dix ans plus jeune que moi, était incarcéré, depuis avant-hier, à la prison de Lantin, après une plainte pour viol déposée contre lui par les parents d'un adolescent de 15 ans, consommateur de drogues, voisin de palier.
En bonne mère, elle ne pouvait croire à un tel fait et m'a longuement expliqué la vie et le parcours de son fils et relevé plusieurs choses étranges pouvant laisser penser à une cabale ou à une vengeance, une malveillance. Il appartiendra à la justice de le dire. Elle avait souhaité pouvoir m'en parler, chez mes parents, parce que, comme son fils, je suis homo.
Je ne puis rien dire sur le fond (puisque je ne sais rien que ce que cette mère m'a dit) et que, sous preuve du contraire, la présomption d'innocence prévaut.
C'est le partage de cette mère, seul, qui m'intéresse ici.
Ai-je été capable de l'écouter comme il fallait ? De trouver les mots pour lui dire que mon coeur était ouvert à ce qu'elle ressentait.
Je comprends son désarroi : ce fils tant aimé, si serviable, si apprécié autour de lui, ce fils, dont elle avait accepté avec amour et liberté l'homosexualité, pourrait donc avoir une part d'ombre, inconnue, inacceptable, même pour elle. Cela crée un effondrement qui fatalement déstabilise.
La mère, hier, a eu son fils au téléphone. Il était calme. Il a dit qu'il était bien traité. Il ne s'est pas exprimé sur les faits. La mère lui a dit que s'il avait eu des comportements répréhensibles, il devait le reconnaître et en subir les conséquences. Le fils a demandé à sa mère de continuer à vivre tout ce qu'elle avait à vivre, de ne pas laisser sa vie être envahie par ce qui lui arrive. Elle avait, il est vrai, l'impression d'avoir trouvé, dans sa vie, depuis trois ou quatre ans, un peu d'insouciance et du temps pour penser à elle ... Cet échange m'a beaucoup impressionné.
A cette maman un peu perdue, j'ai promis de l'écouter encore, si elle le souhaitait. Car, il faut qu'elle puisse dire ses émotions contradictoires ; partagées, celles-ci deviennent un peu moins lourdes. Mais est-ce bien mon rôle ?
Je lui ai suggéré de continuer aussi à rencontrer des gens, parmi ses amis et connaissances, qui la tiendront un peu à l'écart de cet épisode douloureux, par leur capacité à la distraire, à lui faire penser à d'autres choses, sans qu'elle doive se confier à eux, ses condisciples de cours à l'U3A, par exemple.
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Il y a 11 mois
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