Aujourd'hui, je me sens mal, très mal même.
Je m'efforce de ne pas juger les autres: "tous les chemins mènent à Rome", paraît-il et, de toute façon, "les voies du Seigneur sont impénétrables".
Mais, hier soir, une fois de plus, j'ai été confronté au récit complaisant par deux amis de leurs expériences sexuelles dans les saunas, les bains turcs de Budapest et les backroom du Duquesnoy à Bruxelles.
Ce récit narcissique n'avait aucun intérêt, mais il est de bon ton, quand on est entre gays, de prendre plaisir et de rire de ce genre de choses. Pour ne pas jouer au pisse-vinaigre, je feins de sourire, alors que cela me donne plutôt l'envie de vomir.
Car, c'est bien le dégoût qui m'envahit quand je les entends. Pas le dégoût de mes amis; en ce qui les concerne, je suis plutôt attristé et désolé pour eux. De toute façon, ils n'ont absolument rien à faire des sentiments que j'éprouve alors pour eux.
Il ne s'agit pas du tout, dans mon chef, d'une rigidité d'esprit ou d'une culpabilité quant au sexe typiquement judéo-chrétiennes. Je ne suis pas bégueule et je n'ai pas le sexe triste, justement pas.
Simplement, je mesure une fois de plus le fossé qui me sépare des autres. Et c'est cela qui me fait mal, très mal même.
Pourquoi ai-je toujours refusé de fréquenter les backroom et autres naked ou cruising bars gay? Pour ne pas être confronté précisément aux situations sordides et avilissantes auxquelles mes amis se trouvent parfois exposés, même si c'est à leur corps défendant, et qu'ils ont racontées hier avec une certaine délectation. Il y a certains prix que je ne suis pas prêt à payer pour un moment de plaisir. Je vaux mieux que cela. Mon plaisir vaut mieux que cela.
Je ne juge donc pas mes amis, mais je me sens vraiment différent d'eux. C'est cette différence qui est parfois difficile à vivre, à tenir, à assurer.
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Il y a 11 mois