Je suis né, comme bien d'autres, en 1955.
L'image que vous voyez là représente le modèle qui était proposé dans un certain milieu aux garçons nés en 1955.
Moi, j'étais comme ça:
Ma petite amie de maternelle était comme ça:
Malgré nos airs de deux airs, nous n'étions pas plus purs que les enfants d'aujourd'hui. Nous savions aussi trahir, détester, hurler, être impossibles. Nous n'étions pas moins curieux des mystères de la reproduction des libellules qu'aujourd'hui. Et, il arrivait que nos mères outrées nous sermonnent pour avoir cherché à savoir à quoi ressemblait le "petit robinet" de notre ami d'enfance ou la "foufounette" de notre petite amie. Nous étions curieux, mais insouciants, et on nous disait que "ce n'était pas bien".
Il y avait alors une littérature pour la jeunesse. Aujourd'hui aussi. Elles ne se ressemblent pas.
Celle d'hier était toujours sérieuse, édifiante, animée de sentiments nobles et exaltant la jeune virilité, comme en témoignent les images qui vont suivre. Elle sont de Pierre Jourdan qui a notamment illustré les romans de Serge Dalens, dans la collection bien nommée "Signes de piste" (mais aussi certains Bob Morane). Je pense ici aux différents romans autour de l'emblématique prince Eric.
J'ai dû attendre ma première douche collective au collège - non sans gêne, ni trouble - pour découvrir que les garçons n'étaient pas exactement faits comme le prince Eric et ses compagnons.
Je m'en doutais un peu. Déjà, dans la cour de récréation de l'école primaire, je trouvais les autres garçons fort vulgaires et brutaux. C'est pour ça que je préférais la compagnie de ma petite amie, appelons-la Martine.
Bien sûr, j'ai été scout.
Et j'adorais la patrouille des Castors, bande dessinée qui a vu la patrouille évoluer, non dans sa composition, mais dans son uniforme. Le soir, lors de la mise au lit, Samuel adorait, vingt ans après, que je lui raconte les albums de la patrouille des Castors.
J'aurais dû, grâce à tout cela, apprendre à devenir un homme! Pourquoi cela n'a-t-il pas été le cas?
La littérature pour la jeunesse d'aujourd'hui est beaucoup plus irrévérencieuse et on y trouve nombre d'auteurs qui écrivent aussi pour les adultes (Agnès Desarthes, Guillaume Le Touze, par exemple). Je me rappelle d'un livre que j'avais acheté pour Samuel, dans les excellents ouvrages de L'école des loisirs, on y voyait une Chaperon rouge futée et un loup lubrique, fort drôles. Je me rappelle aussi d'un récit de colonies de vacances où n'était pas gommée la cruauté des enfants entre eux et vis-à-vis d'une monitrice grosse, moche et rousse. Puis aussi, d'un merveilleux roman où un petit garçon était confié pour une semaine par ses parents à son oncle célibataire et homo. Je ne sais pas ce que ces livres sont devenus au gré des déménagements. Il me plaisait autant de les lire pour moi que de les raconter à mes deux fils.
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Il y a 11 mois
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