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vendredi 30 juillet 2010

La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le boeuf et les micro-Etats

De toutes les fables de Lafontaine, celle qui m'impressionnait le plus était: "La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le boeuf". J'osais à peine imaginer l'explosion finale du batracien qui devait ressembler au pire des cataclysmes.

Une grenouille vit un boeuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf,
Envieuse s'étend, et s'enfle, et se travaille
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant: Regardez bien ma soeur;
Est-ce assez? dites-moi; n'y suis-je pas encore?
- Nenni. 
- M'y voici donc?
- Point du tout.
- M'y voilà?
- Vous n'en approchez point.
La chétive pécore s'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages ...


La récente visite du Président Sarkozy dans la principauté d'Andorre, dont il est le co-prince, comme président de la République française, avec l'évêque d'Urgell, m'a conduit à m'intéresser un peu aux micro-Etats européens. Pour information, je souligne que Nicolas Sarkozy est aussi, comme président français, chanoine du Latran (! ... ?) (on n'est vraiment pas regardant, dans l'Eglise vaticane, une fois qu'il s'agit de nommer des prélats).

Il y a plus d'un micro-Etat en Europe: la principauté d'Andorre, la république de San Marino,  la principauté du Liechstenstein, la principauté de Monaco, Jersey, Guernesey, Sark et, dans une moindre mesure, le Grand-Duché de Luxembourg. J'oublie le Vatican qui est hors normes. Et la communauté germanophone de Belgique, qui n'exclut pas, en cas de scission de la Belgique, de constituer un micro-Etat (Karl Lambertz, dans La Dernière Heure du 26 juillet 2010).

Deux mots viennent immédiatement à l'esprit: il s'agit de fossiles historiques et/ou de paradis fiscaux.

Cela est un peu court, jeune homme! (aurait dit Cyrano de Bergerac, avant de disserter sur les nez).


Une première réflexion: ces micro-Etats sont tous prospères, ont un niveau de vie élevé, ne connaissent pas ou peu le chômage et ont une fiscalité des plus réduites. Dans la principauté d'Andorre, le seul impôt est une taxe sur les importations de biens! C'est-à-dire l'exact contraire de ce qui est préconisé dans l'Union européenne.  Il semble même que cela soit dans la principauté d'Andorre que l'espérance de vie soit la plus élevée de toute l'Europe. D'où vient cette prospérité? Du secret bancaire et  de la finance? En partie seulement. Si oui, ces Etats pourraient avoir des raisons de douter de leur avenir (le secret bancaire a du plomb dans l'aile), mais ils trouveront le moyen de rebondir, j'en suis sûr. J'aimerais proposer une autre possibilité plus stimulante: et s'il s'agissait, dans tous les cas, d'Etats à taille humaine; un peu comme des P.M.E. en comparaison des multinationales (ici, le "multi" compte autant que le "national"). On ne juge pas, on ne gère pas, dans les structures réduites ou moyennes, les questions qui se posent de la même manière que dans les grands ensembles. On y est souvent plus efficace et moins inhumain. D'un point de vue politique, on y évite aussi le divorce entre élus et population. Les micro-Etats ne sont pas la grenouille, elles sont le boeuf. La grenouille, c'est celui qui vous parle sans arrêt de "taille critique", pour justifier le toujours plus grand, le toujours plus mondial, le toujours plus gros ... (oups, j'ai encore failli écrire quelque chose de compromettant, compte tenu de mon rattachement à l'Alma mater liégeoise; je me suis retenu, mais les initiés comprendront).

Une deuxième réflexion: les constitutions qui régissent ces Etats (seule l'ile de Sark fonctionne encore, mais de moins en moins, sur un modèle féodal) mériteraient d'être étudiées par nos spécialistes du droit constitutionnel et les négociateurs du futur gouvernement (fédéral ?) belge. On y trouve des formules extrêmement intéressantes.

La "paréité", par exemple, soit deux chefs d'Etat, comme à Andorre, aux pouvoirs symboliques: soit une co-principauté parlementaire.

A Saint Marin, la constitution est aussi fort intéressante: une assemblée de 60 membres, élue tous les 5 ans, laquelle désigne deux "capitaines-régents". Ces derniers sont concurremment chefs de l’État et dirigent le Congresso di Stato : ils restent six mois en fonction et sont nommés solennellement deux fois par an, le 1er avril et le 1er octobre. Cependant, ils peuvent être élus pour un deuxième mandat , mais cela arrive très rarement. Certains ont à nouveau occupé ce poste après un certain laps de temps. Les deux capitaines-régents parlent d'une seule voix. Le Congresso di Stato (Congrès d’État), dirigé par les capitaines-régents, détient le pouvoir exécutif. Il est composé de dix secrétaires d’État (Segretari di Stato). Informations d'après Wikipédia.


Après cela, comment ne pas méditer ... !!!


Une troisième réflexion: toujours le même constat! Plus les humains découvrent l'infiniment petit et l'infiniment grand, plus ils ont de la peine à se situer. Comme toujours en ces cas-là, ce sont les moins sages, les plus intéressés ou les plus forts qui imposent leur loi aux autres. Pour combien de temps encore?

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