Depuis qu'il est tout petit, un de mes fils fait tout à l'envers. Il brûle les étapes: il ne cesse de vivre précocement des expériences que d'autres attendent de longues années avant de les connaître. Pour mon fils, la vie ne consiste pas à faire d'abord des études, à avoir un bon métier, une base solide, avant de ... Je le disais, il fait tout à l'envers. Mais c'est mon fils et je l'aime comme il est.
D'après une étude récente de mon collègue Jacques Autenne, les négociateurs réunis autour d'Elio di Rupo ont fait un choix, en ce qui concerne la régionalisation des impôts et la gestion de ceux-ci, qui est exactement l'inverse de ce qui se fait ailleurs. Dans les autres Etats fédéraux européens (Allemagne, Suisse), mais aussi au Canada, par exemple, la perception des impôts qui ont une vocation redistributive (l'impôt sur les revenus essentiellement) relève de l'Etat fédéral, lequel gouverne la redistribution. Les négociateurs flamands demandent exactement le contraire.
http://www.lalibre.be/toutelinfo/belga/137244/europe-l-impot-davantage-percu-au-niveau-de-l-etat-federal.html
Un autre exemple: l'âge et le travail. La force de travail décline avec l'âge; mais ce déclin est compensé par une expérience et parfois une certaine sagesse. Comme l'Ecclésiaste, je crois profondément qu'il y a un temps pour tout. Un temps pour être dans la mêlée de la vie et un autre pour prendre distance. Y a-t-il un âge pour cela? 65 ans? 67 ans? ou avant? Comme nous sommes aujourd'hui gouvernés par des comptables et non par des hommes de sagesse, on nous explique qu'il faudra travailler plus longtemps. On parle trop peu de l'aménagement des fins de carrière, de la qualité de la vie. J'en témoigne: moi, je ne me sens plus à même, à mon âge, de faire preuve du même investissement et de la même énergie que mes collègues plus jeunes; j'ai pourtant encore des choses à donner, à partager. Des collègues, j'en conviens, font la preuve du contraire. Le travail est-il la seule valeur importante dans la vie? Les valeurs ne sont-elles pas inversées?
Je me méfie de plus en plus des slogans. Rappelez-vous: "il faut travailler plus, pour gagner plus". Aujourd"hui, "il faut travailler plus longtemps pour ne pas perdre trop". Ne sont-ils pas creux? Ils font peser sur les travailleurs une espèce de fausse responsabilité: si vous ne gagnez pas plus, c'est par ce que vous ne travaillez pas assez ou pas assez longtemps. Curieuse conception. A quoi sert-il en effet d'asséner pareils slogans aux travailleurs, si les entreprises n'augmentent pas l'offre d'emploi? Or, que voit-on? Elles ont recours massivement à des délocalisations et les fermetures d'entreprises se succèdent. A quoi sert-il de responsabiliser (culpabiliser?) les travailleurs si les entreprises sont dispensées d'une réelle responsabilité sociale et collective? Une fois encore, certains posent peut-être les problèmes à l'envers, ou plus précisément en fonction seulement d'intérêts particuliers.
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