Quand j'étais lycéen, livré aux mains des bons pères jésuites (si j'ose dire), mon plus grand bonheur, chaque année, était la découverte de l'ouvrage qui s'appelait "Les Modèles français", il y avait un volume pour chaque année, soit six en tout. Il s'agissait d'une sélection de textes issus de la littérature française. La présentation était un peu aride, comparée aux "Lagarde et Michard", mais cela me passionnait. La sélection effectuée par les bons pères était peut-être sélective ou orientée, mais cela présentait un avantage: le désir exacerbé de lire les livres ou les textes interdits, ceux qui n'avaient pas été sélectionnés. Au moins, nous avions un repère. Et, comme à l'adolescence, on aime plutôt se confronter à l'interdit, les bons pères se révélaient finalement meilleurs pédagogues qu'on ne croit. Aujourd'hui qu'il n'y a plus beaucoup d'interdits, que tout est offert à tout le monde, la curiosité a faibli.
Je vais faire du "coq à l'âne". Toujours intéressé par la politique en France, je me suis posé quelques questions sur le modèle français actuel: j'entends par là la cinquième République sous Sarko.
Notons en passant qu'on n'a jamais manifesté autant d'irrévérence vis-à-vis d'un Président de la République française. Appelait-on Georges Pompidou: "Pidou"? Appelait-on Valéry Giscard d'Estaing: "Gigi"? Appelait-on François Mitterrand: "Mimi"? Ou Jacques Chirac: "Monchichi"? Sauf sur Canal +, aux Guignols de l'info ou lors de l'ancien Bêbêteshow de TF1 éventuellement. Aujourd'hui, la France a un président que tout le monde appelle Sarko (même à l'ONU, à la Commission européenne et au Parlement européen, et dans la presse internationale). Il est né Sarkozy, mais il finira Sarko.
Ce président est-il un modèle français?
Cette innocente question fait déjà pouffer plus d'un. Le verbe "pouffer" désigne un rire très particulier, que l'on contient avec peine, et qui, lèvres serrées, colore votre visage en rouge confus et met à l'épreuve le siège sur lequel vous êtes assis, car celui qui "pouffe", "tressaute" généralement aussi. S'il faut choisir un exemple de "pouffeur", le meilleur est Philippe Bouvard. Les jeunes générations le connaissent-elles seulement? Pouffe-t-on quand on est jeune?
Cela dit, et pour clôturer ce texte sans queue-ni-tête, je voudrais dire que mon attention a été attirée sur la motion publiée dans le journal Le Monde ( 28 septembre 2010) par des élus de la gauche française demandant la démission du président de l'Assemblée nationale.
Ce président d'assemblée - cela semble incontestable - n'a pas fait preuve de la neutralité, ni de l'indépendance, que la Nation et ses élus étaient en droit d'attendre de lui, à propos d'un débat aussi essentiel que celui portant sur la réforme des retraites. Il s'est comporté, dit-on, comme un "laquais" de sa Majesté, pardon, du Président (l'autre .... celui de l'Elysée, celui que tout le monde appelle Sarko). J'ai appris, à l'occasion, que certains collègues universitaires français étudient, et enseignent, le "Droit parlementaire". Enseigne-t-on le "Droit parlementaire" en Belgique? Il y aurait sans doute beaucoup de choses à dire.
Enfin, je dois le confesser, j'ai bu du "petit lait" à la lecture de ce qui suit: "le Président de la République a dû annoncer que la fin de la législature serait consacrée à délégiférer, c'est-à-dire à corriger les incohérences des textes votés, en supprimant les mesures inapplicables ou contradictoires". J'ai tellement lutté en ce sens dans mon petit domaine belge et fiscal. Evidemment, peut-il en être autrement quand "la majorité parlementaire est invitée à faire vite, harcelée par un exécutif qui considère les débats du Parlement comme une perte de temps"? Ces mots me sont pris de la bouche.
C'est la force et la faiblesse du modèle: modèle à suivre ou modèle à dépasser.
J'éprouve une certaine nostalgie des Modèles français de ma jeunesse. Ceux d'aujourd'hui me déçoivent.
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Il y a 11 mois
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