Au moins, en Belgique, une commission - certes contestée, parce qu'interne à l'Eglise - a publié le résultat de ses travaux et révélé ce qui ne pouvait pas ne pas être connu, mais était tu. Le contenu est accablant, consternant et donne la nausée.
http://www.lesoir.be/mediastore/AFAC/_2008/septembre/du_1_au_10/rapport_pdf.pdf
On a entendu beaucoup de choses utiles, lors du débat "Mise au point" de la RTBF, ce dimanche, surtout de la part de Gabriel Ringlet, le seul participant à prendre un peu de hauteur, sans compromission, ni souci de défendre "sa chapelle".
J'aimerais ici faire part de quelques observations personnelles.
Au vu des statistiques présentées par le rapport de la Commission Adriaenssens et de mon profil à l'époque, je me suis d'abord dit que je devais rassurer mes parents. J'aurais pu être abusé, mais ne l'ai pas été. Dieu sait pourtant, si j'ai fréquenté "les curés" de l'âge de 7 ans jusqu'à 35 ans.
J'ai rencontré des prêtres extraordinaires. Ainsi, le père jésuite, qui était mon professeur de poésie, nous enseignait le latin, le grec, la littérature française, la (les) religion(s), l'histoire et nous avions en outre le privilège (il était le seul à donner ce cours) d'une heure d'esthétique par semaine. Il avait voyagé, il avait pris des photos, il nous emmenait au cinéma, il nous partageait les expositions qu'il avait visitées. Cet homme a énormément compté dans ma vie. C'était un vrai humaniste. A l'université, je n'ai plus jamais rencontré pareil homme. J'y ai croisé des esprits brillants, voire très brillants, mais toujours dans le cadre d'une discipline particulière. C'est très étrange, mais j'ai plus le sentiment d'avoir été à l'université auprès de mon professeur de poésie, que pendant toutes mes années à l'université.
Cependant, je puis en témoigner, mes relations avec les curés et les moines n'ont pas toujours été vierges d'une certaine ambiguïté. Jeune, je n'étais pas à même de le percevoir. Mais, avec le recul, je sais que plusieurs d'entre eux ont été platoniquement amoureux de moi et me l'ont exprimé chacun à leur manière, la principale voulant que je devienne comme eux, de m'assimiler à eux.
Je veux dire ici que, à côté des abus sexuels, innommables, inqualifiables ... il existait aussi, dans ces années 50-70, un autre terrain, qui n'allait pas jusqu'à l'abus sexuel, mais relevait à tout le moins de séductions peu claires, voire malsaines.
Si le phénomène a perdu de son ampleur, c'est uniquement parce que l'Eglise, et ses clercs, ont perdu de leur influence.
Quitte à ramer à contre-courant, je voudrais dire que j'ai rencontré un très grand nombre de religieux en souffrance, en manque d'affection, en manque de tendresse, sans cesse appelés à sublimer leurs pulsions. Des religieux convaincus que le modèle et la discipline de l'Eglise les amputaient d'une part d'eux-mêmes, jusqu'à les rendre fous. Est-il raisonnable, et même simplement concevable, de confier charge d'âme, avec tout ce que cela implique, à des hommes condamnés à refouler quotidiennement leurs pulsions et leurs désirs d'homme? L'Eglise d'Orient n'a jamais succombé à cette folie, je la crois plus proche de Jean, l'Eclairé, que de Paul, l'Illuminé.
Dans le fond, il y a peut-être deux catégories de victimes: les abusés ET les abuseurs. Dans l'un et l'autre cas, l'Eglise porte une très lourde responsabilité. Il ne suffira pas d'une réponse de l'Eglise de Belgique. Il faut que l'Eglise de Rome s'exprime. Et pas, en implorant le pardon ou en manifestant sa compassion avec les victimes. Elle doit changer radicalement de discours et SURTOUT sa hiérarchie.
http://www.lesoir.be/mediastore/AFAC/_2008/septembre/du_1_au_10/rapport_pdf.pdf
On a entendu beaucoup de choses utiles, lors du débat "Mise au point" de la RTBF, ce dimanche, surtout de la part de Gabriel Ringlet, le seul participant à prendre un peu de hauteur, sans compromission, ni souci de défendre "sa chapelle".
J'aimerais ici faire part de quelques observations personnelles.
Au vu des statistiques présentées par le rapport de la Commission Adriaenssens et de mon profil à l'époque, je me suis d'abord dit que je devais rassurer mes parents. J'aurais pu être abusé, mais ne l'ai pas été. Dieu sait pourtant, si j'ai fréquenté "les curés" de l'âge de 7 ans jusqu'à 35 ans.
J'ai rencontré des prêtres extraordinaires. Ainsi, le père jésuite, qui était mon professeur de poésie, nous enseignait le latin, le grec, la littérature française, la (les) religion(s), l'histoire et nous avions en outre le privilège (il était le seul à donner ce cours) d'une heure d'esthétique par semaine. Il avait voyagé, il avait pris des photos, il nous emmenait au cinéma, il nous partageait les expositions qu'il avait visitées. Cet homme a énormément compté dans ma vie. C'était un vrai humaniste. A l'université, je n'ai plus jamais rencontré pareil homme. J'y ai croisé des esprits brillants, voire très brillants, mais toujours dans le cadre d'une discipline particulière. C'est très étrange, mais j'ai plus le sentiment d'avoir été à l'université auprès de mon professeur de poésie, que pendant toutes mes années à l'université.
Cependant, je puis en témoigner, mes relations avec les curés et les moines n'ont pas toujours été vierges d'une certaine ambiguïté. Jeune, je n'étais pas à même de le percevoir. Mais, avec le recul, je sais que plusieurs d'entre eux ont été platoniquement amoureux de moi et me l'ont exprimé chacun à leur manière, la principale voulant que je devienne comme eux, de m'assimiler à eux.
Je veux dire ici que, à côté des abus sexuels, innommables, inqualifiables ... il existait aussi, dans ces années 50-70, un autre terrain, qui n'allait pas jusqu'à l'abus sexuel, mais relevait à tout le moins de séductions peu claires, voire malsaines.
Si le phénomène a perdu de son ampleur, c'est uniquement parce que l'Eglise, et ses clercs, ont perdu de leur influence.
Quitte à ramer à contre-courant, je voudrais dire que j'ai rencontré un très grand nombre de religieux en souffrance, en manque d'affection, en manque de tendresse, sans cesse appelés à sublimer leurs pulsions. Des religieux convaincus que le modèle et la discipline de l'Eglise les amputaient d'une part d'eux-mêmes, jusqu'à les rendre fous. Est-il raisonnable, et même simplement concevable, de confier charge d'âme, avec tout ce que cela implique, à des hommes condamnés à refouler quotidiennement leurs pulsions et leurs désirs d'homme? L'Eglise d'Orient n'a jamais succombé à cette folie, je la crois plus proche de Jean, l'Eclairé, que de Paul, l'Illuminé.
Dans le fond, il y a peut-être deux catégories de victimes: les abusés ET les abuseurs. Dans l'un et l'autre cas, l'Eglise porte une très lourde responsabilité. Il ne suffira pas d'une réponse de l'Eglise de Belgique. Il faut que l'Eglise de Rome s'exprime. Et pas, en implorant le pardon ou en manifestant sa compassion avec les victimes. Elle doit changer radicalement de discours et SURTOUT sa hiérarchie.
Je m'étonne néanmoins un peu que l'on s'étonne de tout cela, aujourd'hui, comme si on découvrait le pot aux roses.
J'ai déjà évoqué, dans ce blog, le sulfureux roman (à l'époque) de Roger Peyrefitte, Les amitiés particulières. Il date de 1943. L'amitié particulière - mais il faudrait dire l'amour - entre deux collégiens se heurte à la condamnation des religieux au pouvoir, alors qu'eux-mêmes font preuve des comportements les plus ambigus avec leurs élèves.
Faut-il rappeler Montherlant et La ville dont le prince est un enfant (1951)?
Faut-il une fois de plus rappeler qu'Eugen Drewermann, pour avoir mis un peu trop en lumière les faces cachées - notamment sexuelles et affectives - de la vocation religieuse, a été interdit d'enseignement? Fonctionnaires de Dieu, Albin Michel, 1993.
Faut-il rappeler Montherlant et La ville dont le prince est un enfant (1951)?
Faut-il une fois de plus rappeler qu'Eugen Drewermann, pour avoir mis un peu trop en lumière les faces cachées - notamment sexuelles et affectives - de la vocation religieuse, a été interdit d'enseignement? Fonctionnaires de Dieu, Albin Michel, 1993.
Songeons aussi au très beau, et très troublant, film de Pedro Almodovar, La mauvaise éducation, 2004.
La loi du silence dans l'Eglise n'était pas qu'un mode de protection interne. L'Eglise a réussi à imposer moralement la loi du silence aux victimes. Elle a alors été plus abjecte encore. A ce titre, elle a fait preuve de la perversité la plus extrême. Elle n'a pas d'excuse.
Contrairement à d'autres, je ne puis pas dire: "J'ai mal à mon Eglise". J'affirme que je ne fais plus partie de cette Eglise. Je reste néanmoins un être religieux et même un disciple de Jésus. Je le chercherai là où il est réellement.
Contrairement à d'autres, je ne puis pas dire: "J'ai mal à mon Eglise". J'affirme que je ne fais plus partie de cette Eglise. Je reste néanmoins un être religieux et même un disciple de Jésus. Je le chercherai là où il est réellement.
Bravo Xavier,
RépondreSupprimerOn ne peux pas mieux exprimer ces horreurs que comme tu le dis tellement franchement. Merci pour ce commentaire.