L'Eglise catholique romaine se prétend (c'est dans le Credo) "une, sainte, catholique et apostolique". C'est étrange: elle ne se dit même pas "évangélique". Elle est de moins en moins une, de moins en moins sainte, de moins en moins catholique et elle n'a pas choisi le bon apôtre. "Une, sainte, catholique et apostolique", tout est résumé dans ces quelques mots d'une rare prétention. Quant à être évangélique? Soyons de bon compte, l'Eglise compte de vrais saints, mais je me dis souvent qu'ils l'auraient été de toute façon (même si l'Eglise n'avait pas existé). Ils ont été saints en quelque sorte "malgré l'Eglise", ce qui les distingue d'un certain nombre d'autres saints "de l'Eglise".
De Monseigneur Léonard, on ne pouvait pas attendre, lors de sa conférence de presse à la suite du rapport accablant sur les abus sexuels dans l'Eglise belge, des sentiments, des regrets profonds, une réelle compassion. En est-il capable? On ne lui a pas appris sans doute. Raide comme une trique, obséquieux, institutionnel. Monseigneur Léonard, avez-vous du coeur? Il est vrai que, pour devenir cardinal, ce n'est pas le plus important. Quant à Monseigneur Harpigny, il est d'accord avec tout le monde, même avec les plus critiques, puis répond de manière évasive. Lui au moins le fait sans morgue. Il récite benoîtement ce qu'on lui a demandé de réciter. On se demande, à certains moments, s'il est convaincu par ce qu'il dit. Quant au pape, son porte-parole a dit qu'"il souffrait"; certes, abstraitement, en son palais et il doit se dire en plus qu'avec tout ce qu'il souffre il va gagner encore plus son paradis.
Mais enfin qu'attendait-on? Chez les victimes, chez les chrétiens, et même chez les non-chrétiens, dans la société civile? C'est fort simple: on aurait aimé entendre une parole "évangélique" et cela n'a pas été le cas.
A quoi cette parole aurait-elle pu ressembler?
D'abord, à une vraie parole de compassion, venant un peu plus "des tripes", comme a dit Gabriel Ringlet. Un peu plus d'humanité en quelque sorte.
Ensuite, un réel aveu de toutes les fautes commises. Il ne suffit pas que l'Eglise distribue son pardon aux abuseurs et invitent les victimes à pardonner dans une démarche pastorale. L'Eglise aujourd'hui a à demander pardon, solennellement, publiquement devant la société (et pas seulement en interne) pour toutes les fautes individuelles de ses clercs et pour toutes ses fautes institutionnelles. Elle doit reconnaître devant tous qu'elle a engendré un système de pensée aliénant, qu'elle a tenu un discours sur la sexualité obtus et maléfique, qu'elle a négligé la vraie vie derrière une façade ... bref, qu'elle n'a guère été évangélique.
Car, le discours de l'Evangile, le vrai, n'est ni aliénant, ni obtus, ni maléfique, ni hypocrite. Jésus voulait précisément le contraire!
Tout ceci est grave et je voudrais terminer sur une note plus humoristique.
Les rares curés que l'on croise encore sont le plus souvent sapés sans grâce, ni charme. La coule monastique des trappistes reste pour moi le plus bel habit religieux. Quant à Benoît XVI, il aime les dentelles, les fourrures, les fanfreluches, les parures, les surplis, les mules brodées, les acolytes... C'est lui le "vicaire du Christ"? Une fo-folle, oui. Au moins, quand les prêtres orthodoxes se parent, ils restent virils et ce n'est pas pour eux-mêmes, c'est pour nous rappeler que quelque chose (Dieu?) nous dépasse et que c'est là peut-être que gît le meilleur de nous-même.
Asphalt Jungle, un podcast littéraire à découvrir !
Il y a 11 mois
"Il récite benoîtement", c'est joliment dit. A part cela, pourquoi les prêtres orthodoxes sont-ils "virils" ? A cause de la barbe ? Mais Jésus n'avait pas de barbe, au VIe siècle!
RépondreSupprimerhttp://commons.wikimedia.org/wiki/File:S._Apollinare_Nuovo_Paralitico.jpg
A sophie: la barbe? Non pas du tout. Je voulais juste exprimer que les parures vaticanes sont moins viriles que les parures orientales. Je pense aussi que les parures réservées aux religieuses ne mettent guère en avant leur féminité, si essentielle pourtant.
RépondreSupprimerMerci d'avoir relevé le petit effet sur le "benoîtement". Tu dois être a seule!
Cela dit, à l'époque de Jésus, le visage glabre était plutôt une particularité romaine.
RépondreSupprimer