Je n'aurais jamais imaginé voir un film aussi prégnant que celui que j'ai vu, hier soir, sur RTL-Tvi, la chaîne belge que j'ai un peu tendance à dénigrer puisque privée et souvent égale à TF1. Moi qui ne regarde que rarement la télévision, j'ai vu ce film, avec Sam, mon fils, et plus d'une fois j'ai eu la larme à l'oeil.
Into the wild, un film de Sean Penn, daté de 2007, une adaptation du roman Voyage au bout de la solitude de Jon Krakauer.
J'ai regardé ce film avec beaucoup d'émotion, sans savoir qu'il reposait sur une histoire réelle, celle de Christopher Mc Landless, un étudiant américain brillant auquel sa famille et son diplôme promettaient un grand avenir. C'était sans compter que sa famille était un "sac de noeuds" et que ce jeune homme a éprouvé en lui l'intuition que ce grand avenir allait l'empêcher d'être lui. Un jour, il vide son compte en banque et verse le tout à Oxfam, puis il disparaît aux yeux de sa famille.
Beaucoup d'autres ont dû, comme lui, avoir au moins une part de cette intuition, mais peu ont eu le courage, la folie, de la rupture comme lui. Pour se trouver, être lui, il finira par vouloir rejoindre l'Alaska pour vivre seul dans la nature sauvage, là où l'homme n'a encore rien perverti. Il ne donnera plus de nouvelles à sa famille, mais gravera et écrira quelques étapes de son parcours. L'accompagneront les écrits de Jack London et d'un certain Henry David Thoreau: "Je partis dans les bois, parce que je voulais vivre sans me hâter, vivre intensément et sucer toute la moëlle secrète de la vie. Je voulais chasser tout ce qui dénaturait la vie pour ne pas, au soir de la vieillesse, découvrir que je n'avais pas vécu".
Avant d'atteindre le but de son rêve, un vieux bus perdu qu'il occupera dans un contexte de plus en précaire en plein milieu de la forêt, il fera quelques belles rencontres. Entre autres, un couple de vieux hippies, un ouvrier agricole généreux, mais mouillé dans une histoire de fraude, et surtout, surtout, un vieil homme.
Ce vieil homme, fils unique de parents qui étaient eux-mêmes enfants uniques, vit seul au milieu de nulle part, comme cela arrive si souvent aux Etats-Unis. Il n'a pas d'enfant. Son jeune compagnon de passage réveille quelque chose qui s'était peut-être éteint en lui au fil du temps. On imagine qu'il a envie de vivre par procuration la quête de son jeune ami. N'exprime-t-il pas merveilleusement ce désir quand, au moment de la séparation, il propose à notre héros, devenu Alex Supertramp, de l'adopter afin de pouvoir être son grand-père? Se prolonger dans un autre qui fera peut-être ce qu'on n'a pu faire ...
Il n'en sera rien pourtant. Notre héros, Alex donc, avait dit: "oui, quand je reviendrai". Il n'est jamais revenu. Mais de cette rencontre jaillit une des plus belles répliques du film: "LE BONHEUR N'EST VRAI QUE LORSQU'IL EST PARTAGE".
Les 5 mois passés en solitaire "into the wild" auront été l'ultime étape, celle de la clairvoyance, mais aussi de la déréliction, de l'abandon, de la souffrance et de la mort. Faut-il nécessairement passer par là pour être soi-même?
Je ne puis répondre à cette question, même si elle me travaille au fond de moi.
Je citerai seulement quelques mots. Tout au long du film, la soeur de Christopher, devenu Alex Supertramp, parle en voix off et, à un moment, elle dit: "TOUT CE QU'IL A DIT, IL DEVAIT LE DIRE; TOUT CE QU'IL A FAIT, IL DEVAIT LE FAIRE".
Je pense aussi à quelques paroles de la Bible: "Quitte ton pays ..." (Gn, 12, 1); "Renonce à toi-même" (Mt, 16, 24); "Vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans les cieux" (Mt, 19, 21); "Quiconque aura laissé maisons, frères, soeurs, père, mère, enfants ou champs ... recevra beaucoup plus et en partage la vie éternelle" (Mt, 19, 29). Cela me perturbe.
La bande son du fil est également remarquable, collaboration entre Eddie Vedder, chanteur du groupe Peral Jam, et le compositeur et guitariste Michael Brook.
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Il y a 11 mois
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