Rechercher dans ce blog

jeudi 27 janvier 2011

Mon ami J.P.P. et sa chapka

J'ai deux amis qui s'appellent Jean-Pierre: J.P.P. et J.P.R.

Ce matin, j'ai failli ne pas reconnaître J.P.P., à la terrasse du Randaxhe, où il vient parfois. Quand un homme décide de porter une "chapka", il n'est plus tout à fait lui-même. C'est la raison pour laquelle je n'en porterai sans doute jamais. Cela tombe bien, je ne suis pas frileux. Et le côté un peu ridicule du couvre-chef est bien relatif: à Moscou, c'est moi qui serais sans doute ridicule à me promener tête nue sous les frimas.




J.P.P. a mon âge. Nous avons usé nos fonds de culottes sur les mêmes bancs de la même classe du même collège de jésuites.

Aujourd'hui, après des vies l'un et l'autre en lignes courbes ou brisées, c'est le moins qu'on puisse dire, nous parlons de nos enfants, de nos amours, de nos relations aux autres, de ce qui nous fait tenir.

Cela nous rassure l'un et l'autre. Avec ses enfants, ce n'est guère plus facile qu'avec les miens. Lui qui était un grand randonneur devient un peu pantouflard. Nous lisons beaucoup. Nous sommes aussi deux enseignants dans l'âme. Lui de philosophie et de psychologie, moi de droit et de n'importe quoi.

Il réussit mieux en amour que moi. Je veux dire par là qu'il n'est jamais resté très longtemps seul. Mais peut-être ne suis-je pas assez entreprenant? J'ai conservé surtout plus que lui un désir de vie religieuse. Il a fait le noviciat chez les jésuites; moi, je n'ai même pas été simplement postulant dans un monastère.

Ce qui nous frappe, et finalement nous fait rire, ce sont nos réactions identiques face à certaines situations:
- les dîners, plus ou moins mondains, familiaux parfois, où après une heure nous nous ennuyons profondément et sommes ailleurs ... lui, comme moi, nous nous esquivons alors généralement avant tout le monde;
- notre rejet épidermique de certains milieux. Nous avons cherché ce qui les caractérisait. Il m'a parlé alors de son "nouveau beau-frère". Il  a une fonction dans le monde culturel. Il s'y trouve, non pour ses qualités, mais parce qu'il est étiqueté socialiste. Il est détesté par tous, mais présent partout. Il ne parle que de lui. Au dernier repas de Noël, où mon ami J.P.P. s'est résigné à aller, la petite-fille du beau-frère, enfant unique, a reçu 22 cadeaux en même temps. Parmi ceux-ci, un ordinateur portable multi-fonctions ... cadeau de l'A.S.B.L. culturelle dont le grand-père est le dirigeant! J.P.P. enrageait.

Nous en avons conscience, nous devenons deux vieux idéalistes, non pas amers, non pas déçus, mais de plus en plus décalés.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.