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dimanche 9 janvier 2011

Le double entendre

En anglais, pour parler d'un double sens, on parle d'un "double entendre". Cela est amusant, surtout quand on considère que certains parlent "à demi-mot". Comment faut-il comprendre un discours à double sens, tenu à demi-mot? D'autant plus que certains aussi, parfois les mêmes, n'hésitent pas à tenir dans le même temps un double langage, ce qui est encore autre chose. Alors, quand vous êtes confronté à quelqu'un qui pratique, à demi-mot, un double langage à double sens ...

Ma question est moins anecdotique qu'il n'y paraît, puisqu'elle caractérise fréquemment le discours politique, avec le mensonge bien entendu. L'interminable et scandaleuse crise institutionnelle qui se déroule en Belgique en est un exemple particulièrement frappant.

En voici quelques exemples:
- quand ils arrivent à un minimum de consensus, les partis à la négociation ne mettent généralement pas plus de douze heures pour donner un contenu différent au texte de compromis laborieusement acquis qu'ils ont signé ... les formulations qu'ils choisissent, pour donner l'illusion du compromis, seraient-elles délibérément à double (ou multiple) sens?
- quand le jeune président d'un parti flamand annonce le premier que son parti ne s'assiéra pas à une table de négociations sur la base du texte d'un compromis proposé, bien qu'amendable, et qu'il ne le fera que quand ses amendements y seront intégrés, on croit rêver, d'autant que le discours tenu par ce président de parti ne reflète pas vraiment la position du bureau de son parti: ce parti tiendrait-il dès lors un double langage en interne et dans sa communication extérieure?
- quelle différence y a-t-il entre un neen maar et un oui à condition? Un jeune secrétaire d'Etat, dans un des débats dominicaux, a justement fait observer que celui qui dit oui à condition est prêt à se remettre sur le champ autour de la table pour discuter, tandis que celui qui dit neen maar indique qu'il n'est pas du tout prêt à reprendre les chemins de la négociation car il exige des préalables. Mais tout le monde le comprend-il ainsi? Le parti nationaliste flamand aime affirmer son réalisme pragmatique et sa détestation des caucus interminables. En réalité, il semble bien que ce parti, honteusement suivi par les sociaux-chrétiens du nord du pays, soit celui qui porte la responsabilité de ce gâchis. La différence pourrait pourtant être ténue entre le neen maar et le oui à condition.

Le double sens, seul, peut se montrer parfois réjouissant.

 En voici un joli exemple: "(elle) - Il me faut, disons le mot, 50 000 francs… (lui) - Par mois ? (elle) - Par vous ou par un autre !" (Sacha Guitry).

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