Je n'ai aucune, mais vraiment aucune, sympathie particulière pour lui, mais je m'indigne, comme dirait Stéphane Hessel.
Je m'indigne contre le lynchage médiatique dont Dominique Strauss-Kahn fait l'objet, en Europe, depuis hier, photos à l'appui, grâce aux clichés pris par les photographes de presse américains, immédiatement relayés par leurs confrères des media européens. Car, il semble que la presse française s'américanise. La présomption d'innocence interdit, en France, que l'on montre ainsi menotté encadré par de solides policiers, quelqu'un à propos de qui un grand jury doit encore décider, au vu des éléments recueillis, s'il y a lieu de l'inculper définitivement ou non. Du goudron et des plumes ...
Je m'indigne contre le système judiciaire américain qui autorise ainsi la prise en photo, menotté, de quelqu'un dont il n'est pas encore prouvé qu'il ait commis ce qu'on lui reproche, un système judiciaire qui semble entretenir avec la présomption d'innocence des rapports fort lointains, mais autorise paradoxalement les libérations sous caution et les transactions tout au long du procès. Transactions qui finissent par être un marchandage entre l'avocat du prévenu et le procureur ("Ok, man, s'il plaide coupable pour cette prévention, je suis prêt à abandonner les poursuites sur telle autre ou sur cet autre aspect de la question"). Ils rendent apparemment la justice comme ils font du business. Un européen se rend compte alors que la vérité judiciaire est, aux Etats-Unis, encore plus éloignée de la vérité que la nôtre. Si vous avez de l'argent pour payer votre libération sous caution, pour offrir un pactole à la victime afin qu'elle retire sa plainte, votre avenir est radieux. Mais, si vous êtes un pauvre hère, sans moyens pour vous payer un avocat aussi fort que le procureur et sans moyens pour faire taire celui qui vous accuse, il n'est pas impossible que vous vous retrouviez sur la chaise électrique (puisque la peine de mort est toujours applicable dans certains Etats américains), sans avoir peut-être rien fait. Et alors? "Justice a été rendue", comme l'a dit le président Obama, à propos de la mort de Ben Laden. Cette phrase a satisfait les américains. Elle a heurté ou au moins interpelé les européens. Quant aux arabes, qui vivent leur printemps en lorgnant vers nos démocraties, ils ont dû se poser bien des questions. Si c'est ça la démocratie, ça ne change pas grand chose aux pratiques tribales et féodales. C'est pour cette raison qu'une Europe forte de ses convictions, de sa culture et de sa tradition a un rôle capital à jouer. C'est pour cette raison aussi que cette Europe ne doit pas se diluer dans une espèce de marché de plus en plus grand. L'Europe ne peut pas, ne doit pas, devenir un calque des Etats-Unis d'Amérique. Elle doit toujours plus cultiver sa différence et devenir un pôle de référence pour d'autres quant aux valeurs qui fondent une société.
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Il y a 11 mois
les journalistes francais sont bien pires car ils utilisent des images qui ne seraient pas permises dans la loi francaise en deplorant qu'on puisse traiter un homme de cette maniere mais en montrant les images tout de meme. Les francais n'assument pas ce qu'ils sont et c'est bien pire!
RépondreSupprimerSinon la seule chose que j'ai envie de rajouter c'est que les Etats-Unis sont endettes a un niveau ou ils ne peuvent plus emprunter, mais on va quand meme financer la prison pour la detention pour cette affaire qui de toutes evidences n'est pas un simple viol!
http://frketchup.blogspot.com/2011/05/la-faille-du-systeme-judiciaire.html