Sire, mon Roi, cher Albert,
N'avez-vous pas encore compris?
Nos élus ne représentent plus rien.
Pardonnez-moi si, en parlant de nos élus, je revendique la toute petite part du pouvoir que nous partageons vous et moi: vous, comme moi, n'avons plus guère de pouvoir et même de moins en moins. C'est ainsi.
Notre pouvoir, mon Roi, le vôtre et le mien comme citoyen, a été confisqué par une caste qui comprend plusieurs degrés. Il s'agit d'hommes et de femmes dits "politiques" regroupés dans des partis. Ils fonctionnent tous plus ou moins de la même façon quel que soit le parti. Au premier degré, on trouve des sympathisants; après, des militants; ensuite, des militants engagés; après, ils finissent par devenir cadre du parti, élu et enfin président (ou co-président). Et c'est dans cette dernière étape que tout se gâte.
Méfiez-vous, Sire, ces structures que l'on nomme "parti politique" sont néfastes.
On trouve bien entendu, dans tous les partis, des gens bien et qui veulent bien faire. Le problème est que plus ils montent dans la hiérarchie de leur parti, plus ils sont habités par un étrange démon dont ils n'ont pas conscience. En effet, plus ils deviennent importants, plus il gèrent de dossiers, plus ils participent à des négociations, plus on leur donne du pouvoir, moins ils sont efficaces. Ils sont inquiétants, Sire. Ils parlent beaucoup pour ne rien dire. Ils rédigent frénétiquement des tonnes de notes, des rapports qui finissent toujours à la poubelle, car personne jamais n'y adhère. Ils s'agitent. Il s'agitent parce qu'ils croient ainsi exister et dans le même temps être des hommes et des femmes d'Etat. Vous savez, comme moi, qu'il n'en est rien, car, comme moi, vous n'êtes pas dupe.
Cher Albert, on dit que le pouvoir use. Si nous résistons envers et contre tout, vous et moi, c'est parce que nos pouvoirs sont limités. Les autres sont inefficaces parce que - reconnaissons-le - ils veulent être tout-puissants. Alors, ils se disputent entre eux. Or, on ne construit rien en se disputant. Le pire, Sire, c'est qu'ils aiment se disputer. Ils sont comme ça: ils ne se sentent exister que dans la dispute.
Vos sujets, mon Roi, ne se reconnaissent plus en eux et finissent par ne plus se reconnaître entre eux ... à cause d'eux.
L'heure est grave.
Je voudrais dès lors vous faire quelques suggestions.
D'abord, je vous invite à m'inviter dans votre résidence du sud de la France pour en parler autour d'un petit verre de rosé.
Ensuite, je vous suggère de confier la conduite des négociations futures à un homme "hors parti". Je ne pense pas à moi évidemment, pourquoi pas une femme?
Enfin, je me permets de vous inviter à ne plus trop convier de politiques dans vos prochains gouvernements. L'homme politique n'est pas, par définition, plus compétent qu'un autre. Au vu des responsabilités qu'on leur confie, tellement fluctuantes, les hommes politiques devraient d'ailleurs être omni-compétents. Le sont-ils?
Cher Albert, j'espère vous rencontrer bientôt au bord de la piscine pour enfin donner à la Belgique l'avenir qu'elle mérite.
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Il y a 11 mois
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