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vendredi 19 octobre 2012

Le pouvoir discret du psy

Il y quatre ans, je me suis senti mal physiquement et mentalement. Mes devoirs, professionnels et familiaux, me détruisaient. J'avais le sentiment de ne plus exister, sans cesse tendu pour être à la hauteur de ce qu'on exigeait de moi. On ne peut pas vivre heureux quand on agit par devoir ou sans cesse tendu pour être à la hauteur des événements. On m'a pourtant éduqué comme cela, le devoir avant tout. Faire face. S'oublier, pour faire face.

Etrangement, j'avais vécu le même contexte quinze ans plus tôt. J'en étais sorti parce qu'alors je n'étais pas seul, qu'un nouvel amour avait fait tomber des barrières, que cet amour m'avait rajeuni, qu'il m'avait fait sortir du milieu qui était le mien, qu'il m'ouvrait à d'autres livres, d'autres musiques, de nouveaux amis. Michel Foucault a bien raison de dire que "l'homosexualité ne saurait se réduire à un acte sexuel entre hommes", même si celui-ci constitue souvent l'entrée en matière.

Pourquoi, un peu plus de dix ans plus tard, alors qu'un grand pas avait été franchi, ai-je connu à nouveau le temps sombre d'avant ? Parce que je n'étais plus "en amour"? Sûrement. Il fallait dorénavant tout assumer seul. Les enfants problématiques et la Faculté toujours plus étrangère, lointaine, hostile. Pouvoir se reposer sur une épaule aimante change beaucoup de choses.

J'ai rencontré la psy qui m'a permis de m'en sortir. Je veux lui rendre hommage et la remercier.

Comment a-t-elle fait ?

Les moyens mis en oeuvre semblent tellement peu de chose : beaucoup d'écoute et quelques médicaments pour ne pas sombrer.

Beaucoup d'écoute. Une écoute bienveillante, sans jugement. De temps en temps, à peine, un encouragement, une suggestion. Etre écouté sans jamais être mis au défi. Une attention particulière à ce qui peut, puis finalement devient, un autre chemin ... à découvrir, à parcourir, à conforter. Encourager le lien entre les intuitions du temps de la jeunesse et le désir d'aujourd'hui.

Parfois, je me dis, à l'issue d'une séance, que rien d'intéressant n'a été dit. C'est une erreur. Car c'est précisément le plus banal qui compte. Et puis, au fil du temps, un lien se tisse. Ma psy, que je continue à appeler Doc, est devenue comme une amie que j'aime rencontrer pour lui raconter "mes petites histoires". Elle reste pourtant le doc, car une amie me raconterait "ses petites histoires".

Je ne sais pas si je dispose des qualités pour jouer un rôle semblable, mais j'aimerais beaucoup. Cela m'est arrivé.




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