Mon beau-père, de la vie d'avant, était sonneur de trompe dans un groupe appelé le Bien aller Ardennes. Mon beau-père sonnait aussi parfois en solitaire dans les bois non loin de la maison de Nivezé, pendant que moi je détruisais en cachette les collets qu'il avait posés par compassion pour les lapins. Mon beau-père n'était pas un grand chasseur, il était surtout un sonneur de trompe, un peu braconnier. Je trouve cela sympathique.
"Sonner", tel est le mot. Celui qui joue de la trompe sonne, que fait le joueur de cor ? Il trompe ? De toute façon, s'il le fait, c'est au fond des bois, de manière à réjouir Alfred de Vigny et Charles Trenet.
Lors de grands rassemblements à Saint Hubert, mon beau-père rencontrait d'autres sonneurs venus d'ailleurs, ils incarnaient tous ensemble la grande tradition de la vénerie française et le marquis de Dampierre les réunissaient. Les trompes sonnaient alors de manière impressionnante dans la grande nef de l'abbatiale et alentour.
Marquis de Dampierre (1676-1756)
Il a été surnommé le "père des fanfares de chasse".
Quand j'entends les trompes, je ne puis m'empêcher de pleurer. Pourquoi ? Je n'aime pas la chasse
et je ne suis pas amateur de chien. Peut-être pour ceci. La trompe de chasse ne permet pas de jouer toutes les notes de la gamme, même si quelques astuces sont utilisées par les plus doués (la main dans le pavillon). Cet incomplet me sied. Et puis, il y a ce vibrato, ces accents, ces messages pour les chasseurs. La trompe dit toujours quelque chose.
Mon fils Sam aimerait devenir sonneur de trompe, mais la trompe de son grand-père ne lui est pas destinée dans le projet d'héritage. Elle ira à un fils qui n'en a sans doute rien à foutre. Ainsi sont les familles.
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