Je n'ai guère d'affinités avec Paul de Tarse, c'est le moins qu'on puisse dire. Je me sens bien plus proche de Jean l'évangéliste.
Il n'en reste pas moins que Paul dit parfois des choses essentielles, qu'on ne soupçonne pas toujours.
Un passage de sa lettre aux Galates est proposé aujourd'hui par la liturgie (Gal., 5, 1 à 6). Il y est question de liberté et d'esclavage, un sujet éternel aux facettes nombreuses, si on veut un peu s'y confronter, ne fût-ce que personnellement. De quoi suis-je esclave ? En quoi suis-je libre ? Par les questions qu'elle pose la Bible mérite qu'on s'y arrête fréquemment.
Paul oppose, dans ce passage, la loi et la foi.
La circoncision est tenue par Paul comme le symbole de la loi. Il fustige ceux qui croient devenir des justes en pratiquant la loi à la lettre. Combien se croient encore aujourd'hui devenir des justes en appliquant une loi à la lettre ? Cela existe dans toutes les religions, dans certaines plus que d'autres cependant.
Ce n'est pas par le respect scrupuleux d'obligations extérieures qu'on devient un juste, un béni de Dieu.
Pour Paul, on devient un juste "par la foi agissant par la charité". Voilà un chemin bien plus stimulant.
La foi n'est pas l'adhésion à un corpus de règles, de croyances, de dogmes. Elle est une expérience intime. C'est pourquoi il est si difficile d'en parler à ceux qui n'en ont point encore fait l'expérience ou se refusent, par principe ou par conviction, de l'envisager pour eux-mêmes. La foi heurte la raison n'est-il pas ? Mais il y a bien d'autres choses qui heurtent la raison, à commencer par l'émotion.
La foi dont parle Paul doit être agissante. Il s'agit bien d'action, de passage à l'acte. Il ne s'agit pas de se confiner dans les sacristies ou les églises entre soi. Et le mode d'action de la foi est la charité. L'amour pour les proches bien sûr, mais aussi au gré des rencontres, sans exclusive, sans s'arrêter à des cénacles définis, l'amour pour la terre enfin qui implique le respect de celle-ci.
Cette manière d'agir n'est pas, et de loin, le monopole des seuls chrétiens.
L'Ecriture peut tantôt nous poser une question essentielle (de quoi es-tu esclave? en quoi es-tu libre?), tantôt nous inviter à agir de concert avec les autres hommes de bonne volonté que la charité anime.
La charité n'est pas le monopole de la foi. La foi n'est qu'un chemin pour y parvenir qui convient à certains et pas à d'autres. A chacun son chemin.
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Il y a 11 mois
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