Aujourd'hui, j'ai eu deux bonnes raisons de me réjouir.
La première: S. a eu un contact concret et prometteur pour un emploi, grâce à un contact que je lui ai fourni. Mais pourquoi donc, dans ma famille, faut-il toujours que l'un ou l'autre (et ce n'est pas moi, je vous le jure) transforme ce qui devrait un ciel bleu en grisaille ou en ciel d'orage? Qu'un événement, qui devrait être heureux, mette la poisse dans le coeur de chacun?
La seconde: quoi de plus agréable qu'un compagnon d'excursion sympathique, bien élevé, souriant, doté d'humour et cultivé?
Notre journée a commencé par le meilleur: Thorn "la blanche" aux Pays-Bas, à 50 km de Liège.
A mes propres photos, je me permets d'ajouter l'une ou l'autre prises par mon compagnon d'excursion.
Sont aussi exposés, dans l'église de Thorn, quelques habits liturgiques, dignes de figurer dans Fellini Roma. Benoît XVI adorerait.
Et les mules qui vont avec:
Notre promenade s'est poursuivie à Maaseik, ancienne bonne ville de la Principauté de Liège (en témoigne son architecture et son perron), aujourd'hui flamande. Le Markt, la grand place, a tout pour être agréable: un grand quadrilatère, avec une double rangée d'arbres et un grand nombre de terrasses ombragées (où le service laisse malheureusement fort à désirer). Il y a de très belles façades, de beaux immeubles en style mosan du 17ème siècle. Pas de chance pour nous, le centre de le place était invisible: il s'y montait (encapuchonné de bâches) un festival du bon goût gastronomique dont, ce jour, tout nous excluait. Nous n'avons même pas réussi à apercevoir la statue des frères Van Eyck trônant en principe au mileu de la place de leur ville natale. Je vais y revenir. Pas de chance non plus: les musées et les églises ne sont accessibles que le dimanche ou, sur demande, pour les groupes. Il s'agit d'une étrange politique touristique. Les prospectus locaux vantent cependant cette ville que les édiles n'hésitent pas à appeler (compte tenu que la Meuse y abrite un important centre de loisirs et un port de plaisance) la "Riviera du Limbourg". C'est assez inattendu, en nos contrées.
Il est vrai qu'on croise, à Maaseik et aux alentours, un nombre anormalement élevé de personnes du troisième âge à vélo, bronzées d'on ne sait où, et qui doivent amarrer leur bateau dans cette étrange marina sur Meuse. Les richesses culturelles de la ville ne doivent guère les concerner (ou plus les concerner). Mais il y a un magasin Aldi.
Allez, je suis encore un peu de mauvaise foi.
http://www.maaseik.be/
A Liège, nous avons les frères Dardenne. A Maaseik, ils ont les frères Van Eyck. Les premiers sont nés à Seraing, les seconds à Maaseik. Les premiers sont incontestablement deux (j'en témoigne, il m'arrive de les croiser, puisque leur maison de production est à 25 mètres de chez moi). Les seconds, on n'est même pas sûr qu'ils aient été deux, ni même qu'ils aient existé. Un musée est consacré à l'ensemble de leur oeuvre (il ne s'agit que de copies ou de photos grandeur nature), mais n'est ouvert que le dimanche, etc … Vous voyez bien qu'il n'y a pas qu'en Wallonie que ça ne tourne pas rond.
Visitant, un peu plus tard, une autre petite ville de la région, nous découvrons un panneau sur un immeuble récent sans aucun intérêt (mais alors absolument aucun), expliquant ceci "Ici, au 14ème siècle, se trouvait l'entrée du château médiéval". Ah bon? On peut de la sorte organiser un parcours touristique et historique n'importe où.
Nous passons à un km d'Opgrimbie. Il s'y trouve des forêts et des landes de bruyère, et aussi un domaine royal. Opgrimbie est une localité qui a nourri la controverse. Feu le Roi Baudouin, qui y avait une résidence de week-end, une de ses rares propriétés privées, a légué 84 ha de son domaine en vue de la construction d'une chartreuse pour des religieuses, appartenant à un ordre pas très bien défini (les soeurs de Bethléem). Tant qu'il s'agissait d'un bien privé (pourquoi un roi n'aurait-il pas des biens privés?), rien à redire, n'en déplaise à quelques anti-monarchistes et laïcs. Un imbroglio est né de cette affaire: le Roi avait perdu de vue, en rédigeant son testament, qu'il existe un droit de l'urbanisme, qu'on ne construit pas où on veut, qu'il faut des autorisations, un permis de bâtir, etc. Certains, un peu vite, ont cru que la volonté du Roi, un roi presque saint, se situait au-dessus de la loi.
Après des kilomètres, par 30 degrés de chaleur ambiante (ce n'est pas la riviera du Limbourg pour rien), sur une nationale à quatre bandes bordée de tout ce qui fait la Flandre prospère - ce qui est, soit dit en passant, d'une absence totale d'intérêt (pourquoi la route sur ma carte Michelin était-elle bordée de vert, soit une route pittoresque ou verdoyante?) - nous devions faire une dernière halte à Rekem. Le Routard explique que c'est une localité que les touristes ignorent. Etrange bourgade: le plus beau village de Flandre, paraît-il, d'après les prospectus de l'Office du tourisme. A quoi ressemblent les autres villages flamands? C'est très fleuri. Certaines perspectives sont charmantes. Rekem a un passé. A l'époque féodale, il s'agissait d'une minuscule principauté, ayant le droit de frapper monnaie, disposant de son propre blason. Le seigneur était le vassal direct de l'empereur germanique. Impossible de dater les bâtiments, c'est tellement restauré qu'on ne parvient plus à vraiment faire la différence entre le neuf et l'ancien. Jacques Brel l'avait chanté, dans une chanson aujourd'hui introuvable: en Flandre, "c'est avec du vieux qu'on fait du neuf" (Les dames patronnesses).
Une grande partie des lieux est occupée par un apparemment gigantesque château de la famille d'Aspremont-Lynden, soustrait aux regards, mais qui peut se visiter le dimanche, à la condition de réserver pour un groupe, etc. Ayant servi un temps d'asile psychiatrique, il a sans doute perdu beaucoup de son lustre d'antan.
Nous avons repris la route vers Lanaken: calme, verdure, villas opulentes … un lieu de riches. comme il en existe un peu partout, là où certains "réussissent dans la vie" plus que d'autres. Je suis, pour ma part, totalement incapable de vivre dans un tel environnement.
Direction Riemst. Pourquoi Riemst? Pour deux raisons. La première, c'est que mon compagnon de voyage et moi avons vu, pendant des années, passer à Liège un autobus qui va à Riemst et nous ne savions pas où c'était. La seconde est que, dans les grilles de mots croisés, quand on vous dit: "ville belge", c'est presque toujours "Riemst", parce que c'est totalement inclassable et ouvre des possibilités, comme disent les joueurs de scrabble.
Nous n'avons pas eu le courage de terminer par la commanderie d'Alden Bizen, qui vaut pourtant le détour (mais un peu trop restaurée, elle aussi).
Trop de Flandre en peu de temps peut-être.
Pourquoi les Flamands aiment-ils mettrent des lions en plâtre à l'entrée de leur maison? Pourquoi aiment-ils tant les grilles en fer forgé autour de leur propriété? Pourquoi aiment-ils exposer à leur fenêtre de grands vases chinois, généralement par paire? Pourquoi? Oui pourquoi? Tout ça pour quoi? Je ne poserais pas la question, si je ne constatais qu'à quelques kilomètres à peine, aux Pays-Bas, ce n'est pas le cas.
Cela dit, cette région du "Zuid Limburg" mérite qu'on s'y arrête. La prochaine fois, j'y retournerai pour une randonnée, à pied ou à vélo (à pied plutôt), sans objectif culturel, juste pour la nature. Seul ou accompagné.
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