Je viens de lire un article terrifiant dans la livraison du mois d'août du Monde diplomatique: J. Brygo, envoyé spécial, "Vivre riche dans une ville de pauvres", pp. 4 et 5.
Un record de la plus basse espérance de vie est enregistré dans cette ville: 54 ans pour les hommes ... dans certains quartiers. Le différentiel de vie entre un enfant né dans un quartier riche et un autre mis au monde dans un quartier pauvre de la même ville, d'après un rapport de l'O.M.S. (Organisation mondiale de la santé), est de... 28 ans. Cette même ville compte un fort taux de millionnaires, la plaçant au 7ème rang des villes millionnaires du Royaume-Uni, bien avant Edimbourg (prononcez: eî-din-bre), capitale de l'Ecosse.
On ne parle pas ici d'un pays du monde que l'on dit "tiers" (le Tiers-monde), mais de Glasgow, une ville d'Ecosse, au sein de l'Union Européenne, qui ne s'illustre pas que par son activité culturelle et ses commerces de luxe, incarnés dans le slogan "Glasgow, l'Ecosse qui a du style", mais aussi par une politique affirmée d' "apartheid social", héritage de la "dame de fer", lady Tatcher, aussi "gaga", paraît-il aujourd'hui, que l'autre.
Dans cet article, on découvre (mais on le savait déjà) le désastre social de la politique néo-libérale de la lady "de fer". S'est-elle jamais rendue compte des morts "sociales" qu'elle a sur la conscience? Aux Etats-Unis, pour un meurtre, de pauvres hères passent sur la chaise électrique, parfois sans preuve.
Les propos recueillis sur place par le journaliste donnent froid dans le dos. Faisons crédit au journaliste.
"Oui, on sait: à Glasgow, il y a certains quartiers où ils vivent moins vieux qu'en Irak. Le style de vie, la dépravation ... On sait, Glasgow a toujours été une ville où les pauvres et les riches vivaient côte à côte. C'est surtout les immigrés irlandais qui ont fait baisser les statistiques. Mais bon, ce n'est pas si grave. Ca reste des poches de pauvreté et Glasgow est vraiment une cité vibrante, avec des musées fantastiques, des concerts extraordinaires, des gens exceptionnels!", M. Michael Guy, 62 ans, président du Rotary club local, créé en 1912.
"Je reviens d'Inde (où je fais des affaires) et je peux vous dire que les gens de l'Est de Glasgow s'en sortent très bien par rapport aux indiens. Et les pauvres de Glasgow sont riches par rapport aux pauvres du Malawi ... Il n'y a pas de famine, ni de problèmes sanitaires dans ces quartiers. Ce ne sont pas des raisons de pauvreté qui expliquent ces mauvais chiffres (taux de mortalité), pas plus que des raisons sociales ...". En effet, "c'est parce que les pauvres mangent mal et qu'ils héritent des mauvaises habitudes de leurs parents". Monsieur William Haughey, 53 ans, patron multimillionnaire de la City Refrigeration Holding.
Mais, avec le Rotary Club, "nous sommes très fiers de mener des actions dans les écoles des quartiers pauvres de la ville, comme les concours d'élocution (le traducteur aurait dû dire: "d'éloquence"; c'est une spécialité des Rotary Clubs que les tournois d'éloquence; il en existe un à Spa, par exemple). Toujours monsieur Guy.
Et puis ceci: "Les gens qui ont beaucoup d'argent n'aiment pas du tout qu'on leur dise ce qu'ils doivent en faire. Les taxer davantage serait une erreur. Je pense que les entrepreneurs, les gens qui ont du succès et qui ont beaucoup d'argent, comme moi, doivent être convaincus. Oui, on doit les convaincre de donner davantage à la charité, aux bonnes oeuvres". Encore monsieur Haughey.
Glaçant.
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