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mardi 24 août 2010

A propos d'une famille "béni-oui-oui"

J'aime beaucoup J.P. Il a mon âge. Au lycée, nous étions fort proches. Nous étions un peu les deux poètes de la classe. Nous aimions Barbara, Leo Ferré, Jorge Donn et Béjart et surtout Jean Giono. Les autres avaient d'autres goûts que les nôtres.

Nos deux vies ont connu pas mal de lignes courbes, voire de zig-zag. Maintenant que nous sommes pères tous les deux, nous nous retrouvons avec plaisir de temps en temps.

Ce matin, à la terrasse du café Randaxhe évidemment, il me racontait que son frère était en phase terminale d'un cancer. Cela fait des années qu'il ne fréquente plus son frère, ni sa belle-soeur. Son frère était quelqu'un de très secret. Le couple qu'il forme avec son épouse est, me disait-il, un couple centré sur l'apparence: ils forment une famille normale, avec deux enfants vietnamiens adoptés aujourd'hui en pleine crise d'adolescence et de révolte; une famille exemplaire en apparence, où les noirceurs sont soigneusement camouflées derrière un discours et des comportements très "béni-oui-oui" et charitables; bref, des gens qui font le bien (du moins le pensent-ils), trouvant là une excuse ou un paravent.

Son frère est dans le déni de la mort qui l'attend, alors que son état empire. Son épouse a affiché, au dessus du lit d'hôpital de son mari, un grand coeur en crêpon rouge, avec la mention: "On t'aime". Et, la dernière fois, qu'il a rendu visite à son frère, des voisins entouraient le lit et lui caressaient les cheveux, jouant de la bossa-nova à la guitare. Bref, un comportement assez enfantin face à la mort. Se retrouvant seul, un instant avec sa soeur aînée et son beau-frère, ce dernier a dit à son épouse: "Tu ne mettras pas ça au dessus de mon lit, j'espère!".

Ce type de comportement n'est pas rare. J'en connais d'autres.

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