Quarante milliardaires américains et leur famille se sont engagés, le 4 août dernier, à verser la moitié (!) de leur fortune (ce n'est pas rien: 600 milliards de dollars!) à des organisations caritatives ou philanthropiques, une initiative lancée par les deux plus riches d'entre eux: Bill Gates et Warren Buffet.
http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/08/05/quarante-milliardaires-americains-s-erigent-en-grands-philanthropes_1395853_3234.html
On peut naturellement s'interroger sur le caractère totalement désintéressé de leur démarche, mais créditons-les de la présomption d'innocence et ne leur faisons pas un mauvais procès.
Cette initiative suscite d'intéressantes questions. Voici à tout le moins deux réflexions.
Ainsi, consacrer 50 % de leur fortune à une autre fin que leur propre enrichissement, et plus précisément à des fins utiles pour d'autres, sociales ou humanitaires, ne paraît à ces milliardaires, ni déplacé, ni impossible. Leur enthousiasme et leur adhésion auraient-ils été les mêmes, s'il s'était agi d'un impôt de 50 % sur les très grosses fortunes? On peut rêver, pourquoi pas, à un impôt, non pas national, mais mondial. Un peu, comme Fantomas (dans "Fantomas contre Scotland Yard" avait inventé un "impôt sur le droit de vivre" à charge des plus grosses fortunes mondiales). On ne sait pas grand chose des dons que Liliane Bettencourt, autre milliardaire, faits en dehors de ceux qu'elle a faits à ses courtisans et à l'UMP. Il est quand même piquant de relever qu'on a pu estimer à 9% seulement de sa richesse les impôts qu'elle paye à l'Etat français et que, grâce au bouclier fiscal créé par le président Sarkozy, l'Etat français lui a même versé de l'argent (30 millions d'euros, dit-on).
http://www.liberation.fr/economie/0101646656-liliane-bettencourt-paie-t-elle-des-impots
Bien entendu, et au-delà du fait qu'on est philanthrope par choix, mais qu'on n'est jamais contribuable par choix, se pose la question de la juste allocation des ressources. Qui doit décider des besoins à satisfaire, de leurs priorités et de la manière d'y faire face? En principe, l'Etat, quand le régime est démocratique et le pouvoir exercé par des représentants élus par tous avec pour mission de décider selon l'intérêt général. Ce bel idéal, même dans les pays les plus démocratiques, semble pourtant impossible à atteindre. On ne rejoint pas, il est vrai, l'intérêt général en essayant de satisfaire successivement, et sans arrêt, tel ou tel intérêt particulier. L'Etat est-il vraiment le lieu où les arbitrages nécessaires se font? Nos Etats démocratiques ne sont-ils pas d'une certaine manière un écran de fumée? Nos politiciens des pantins? L'initiative des milliardaires philanthropes révèle que non seulement l'économie et la survie écologique de la planète dépend d'eux, mais qu'il en va ainsi aussi de la satisfaction des autres besoins. Quand le pouvoir de décision, quant à l'affectation des ressources, n'appartient plus au peuple, mais à quelques très grosses fortunes, on ne peut plus appeler ce régime une démocratie, mais une ploutocratie.
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